samedi 27 janvier 2018

CINEMA DE MINUIT - MICKEY ONE, SUCCES ZERO...

Bonjour les amis !

Poursuite du cycle Seconde Chance... 

Demain  soir, à 00 H 25, sur F3 : Mickey One (1965), d'Arthur Penn...


Les rapports d'Arthur Penn avec le cinéma seront toujours chaotiques. La raison en est simple : monsieur Arthur Penn est un intellectuel, et qui plus est, un intellectuel entêté. Et ça, à Hollywood, on aime pas.
Enfin, on aime pas encore. Car si ce profil fera merveille à la charnière des années 60-70, quand Penn délaisse les planches pour l'écran, en 1958, il est encore un peu tôt pour ruer dans les brancards.
Il tourne alors un western résolument novateur, où il bénéficie du soutien et de la prestation de monsieur Paul Newman : Le Gaucher.

Reconnu aujourd'hui comme un classique, le film est alors un désastre commercial et critique qui oblige son auteur à revenir au théâtre. Il ne reviendra au cinéma que par la bande, en 1962, en adaptant une pièce qu'il avait déjà adaptée pour la télévision, puis au théâtre : Miracle en Alabama. 


Cette fois, le succès est là, et les récompenses aussi (Oscar pour Anne Bancroft).
Mais ça ne dure pas : engagé sur le film Le Train, il est sèchement renvoyé par le tout-puissant Burt Lancaster, qui engagera John Frankenheimer pour le remplacer.


Penn décide alors de tourner le dos aux grands studios, de revenir aux petits budgets qu'il pratiquait pour la télévision et pour Le Gaucher, et de s'inspirer de la Nouvelle Vague, qu'il admire. Plutôt de traiter d'une histoire, il décide de traiter d'une pathologie : la paranoïa.
La paranoïa en question va toucher un petit comique de Detroit qui décide de fuir la Mafia, qui a boosté sa carrière. Il se réfugie à Chicago, où, progressivement, il va se sentir épié, surveillé, en danger permanent, jusqu'au délire.
Pour incarner ce voyage au bout de l'enfer, Penn fait appel à un autre grand emmerdeur d'Hollywood : Warren Beatty.


Malgré sa prestation bluffante dans la magnifique Fièvre dans le Sang de Kazan, Beatty ne parvient pas à faire oublier son image de play-boy arrogant. Il multiplie ainsi les expériences cinématographiques osées.
Ici, il est au coeur du récit, même s'il est souvent dépassé par le style de son metteur en scène.
En effet, la bride sur le cou, Penn se livre à un exercice de style assez ébouriffant, mobilisant tous les effets d'image et de montage nécessaire à l'ambition de son projet : décrire la montée de la paranoïa.
Il n'y parvient, il est vrai, que partiellement, et une ambition non menée à terme se transforme en ... prétention .
On notera au générique la présence de la toute jeune Alexandra Stewart , future Madame Claude...


... des vétérans Franchot Tone et Hurt Hatfield ( Le Portrait de Dorian Gray), et celle, insolite, dans un rôle muet, du japonais Kamatari Fujiwara, acteur fétiche de Kurosawa...


Ce film très personnel, où Penn retrouve des thèmes qui lui sont chers, tels la place de l'Art et du Verbe (le héros est un artiste bavard contraint de se taire), sera un nouvel échec, et un film encore controversé aujourd'hui.
En effet, pour les grands noms de la critique américaine, Mickey One reste une grosse bourde artistique de son auteur. En France, le film est encore défendu par une partie de la critique, qui le considère, stylistiquement parlant, comme le brouillon du chef d'oeuvre qu'il tournera quelques temps plus tard, Bonnie & Clyde, avec le même Beatty (qui n'acceptera Penn sur ce projet que sur insistance des scénaristes , qui adoraient Mickey One) .
Le Cinéma de Minuit, lui, a choisi son camp, en  proposant de donner  à Mickey One une seconde chance...

Extrait :



dimanche 21 janvier 2018

CINEMA DE MINUIT - LE CHÂTEAU DE L'ENFER...

Bonjour les amis !

Ce soir, à 00 H 25, sur F3, poursuite du cycle Seconde Chance avec Un Château en Enfer (1969), de Sydney Pollack...


La fin des années 60 voit tous les genres hollywoodiens se faire botter le derrière par une nouvelle génération contestataire et déterminée. Le film de guerre ne fait pas exception à la règle, bien au contraire : en pleine révolte contre la Guerre du Vietnam, les jeunes créateurs tiennent à proposer une vision différente des soldats américains.
C'est dans ce contexte que Sydney Pollack et le scénariste David Rayfiel décident d'adapter un roman corrosif de William Eastlake, contant l'installation d'une troupe américaine dans un château français en 1944. Château habité par un couple étrange, vivant parmi les oeuvres d'art. Le mari décide que le major de la troupe sera le père de l'enfant de sa femme...
Pollack propose le projet à Burt Lancaster , avec qui il vient de tourner Les Chasseurs de Scalp...
Celui-ci ne demande pas mieux qu'à ruer dans les brancards.
Plus étrange, Martin Ransohoff et la Columbia flashent sur ce projet qui relève plus de la fable onirique que du film de guerre, et lâchent les chevaux questions moyens.
Après avoir réuni une distribution insolite et internationale (Peter Falk, Jean-Pierre Aumont, Astrid Heeren), toute l'équipe s'embarque pour...la Yougoslavie .
Et c'est là que le cauchemar commence.
En effet, l'équipe américaine ne s'attendait pas à tomber dans "ce pays qui appartenait au tiers-monde à l'époque " dixit Pollack. Et de fait, tout allait aller de mal en pis.
- Le château choisi avait ses douves gelées, les chars ne pouvaient y traverser. L'air comprimé utilisé pour faire fondre la glace se voyait à l'écran, sous forme de vapeur.
- La neige indispensable au tournage de la plupart des scènes... se fit attendre. D'après Jean-Pierre Aumont, "nous devions rester six semaines, nous sommes restés six mois !". La neige ne vint jamais, et lorsqu'on tourna les scènes finalement avec un mélange à base de farine, en plein mois d'Août, le mélange "transforma la farine en biscottes", toujours d'après Aumont.
- La scène finale de l'incendie fut tellement réaliste qu'elle anéantit toute une partie du décor, qui n'avait pas été ingnifugé. Malgré tout, Pollack filma la scène.
- Astrid Heeren, lassée des engueulades Lancaster/Pollack, décide en loucedé de se casser définitivement du plateau. Elle fut rattrapée in extremis à l'aéroport.
- Jean-Pierre Aumont, à qui on donna en dernière minute un pur-sang qu'il n'avait jamais monté, se fit balancer en l'air par ce dernier, et resta alité huit jours.
Ce tournage homérique dura un an et demi et laissa toute son équipe sur le carreau.
Le résultat s'en fit sentir : à la fois prétentieux et bancal, dur et intello, sanglant et métaphorique, le film tient difficilement debout, et fut un colossal échec financier et critique à sa sortie.
Aujourd'hui, il apparaît comme le film typique de ces années-là, où Hollywood se cherchait de nouveaux horizons... sans forcément les trouver.
En tous cas, une curiosité .

Extrait :



A plus !

Fred.



dimanche 14 janvier 2018

CINEMA DE MINUIT - LE GRAND BOUM...

Bonjour les amis !

Reprise (enfin !) du CDM avec un cycle Seconde Chance 
qui commence ce soir, à 00 H 25, avec Aux Postes de Combat (1965), de James B.Harris...


Bonjour les amis !

Le cycle qui s'ouvre se propose de faire redécouvrir des films qui n'ont pas forcément fonctionné à l'époque de leur sortie, voire d'apporter un éclairage sur des cinéastes méconnus.
C'est le cas de James B.Harris.


Harris est avant tout connu des cinéphiles comme le producteur des premières grandes oeuvres de Stanley Kubrick : L'Ultime Razzia, les Sentiers de la Gloire, Lolita.



Etrangement, leur collaboration s'achève au moment où Kubrick s'apprête à mettre en chantier son Docteur Folamour , formidable farce satirique autour de la Guerre Froide et du péril nucléaire.


Ces deux-là ont-ils commencé à rêver du projet ensemble ? Toujours est-il que le passage d'Harris à la mise en scène se concrétise lui aussi par une mise en perspective de l'Equilibre de la Terreur, traité cette fois, et de façon glaçante, au premier degré.
Sur une trame très simple, la poursuite, dans l'Arctique, d'un destroyer soviétique par un destroyer américain, le cinéaste et son scénariste, James Poe, composent une oeuvre très forte où s'entremêlent des thèmes aussi forts que la paranoïa, l'abus de pouvoir et la peur de l'apocalypse.
La réussite du  film tient également beaucoup à l'implication de son acteur principal, Richard Widmark, également producteur .


Aimant à ruer dans les brancards, Widmark prend ici plaisir à mettre les Etats-Unis devant leurs responsabilités en incarnant un militaire que le pouvoir rend progressivement fou.
Egalement fort bien interprété par Sidney Poitier, Martin Balsam et James MacArthur (le futur Danny de Hawai Police d'Etat), le film peut prendre place sans rougir parmi les grands films de l'époque traitant du même sujet, comme Folamour ou encore Point Limite, de Sydney Lumet

Trop court extrait du film :