dimanche 26 novembre 2017

CINEMA DE MINUIT - LA GUERRE DES EX...

Bonjour les amis !

Suite et fin du cycle Robert Florey, ce soir à 00 H 25, avec Ex-Lady (1933)...


Il y a des films qui ont d'abord une importance historique, avant que d'être des chefs-d'oeuvre.
Celui de ce soir en est un : il s'agit du premier film mettant en vedette miss Bette Davis.
Le parcours fut long pour celle qui sera la reine du mélodrame Warner .
Les producteurs la trouvaient... moche. Les studios essayèrent de de la transformer , d'en faire une poupée dans l'air du temps. Echec complet, d'abord à la Universal, où elle tourne dans l'indifférence générale son premier film,  Bad Sister (1931), aux côtés d'un autre débutant, Humphrey Bogart...


... Puis à la Warner, où elle n'entre que grâce à l'entregent de Georges Arliss, alors célèbre acteur de théâtre qui exige qu'elle soit sa partenaire pour l'adaptation filmée de sa pièce à succès  : L'Homme qui jouait à être Dieu ...




Le studio la signe sans enthousiasme et essaie de la placer dans ses drames urbains et immoraux qui font alors son succès ... Elle joue alors dans l'ombre de Barbara Stanwyck, de Ruth Chatterton ... Deux films vont lui permettre de prendre du galon : Three on a Match de Mervyn Le Roy, film contant les destinées croisées de trois jeunes femmes, où elle tient la dragée haute à Joan Blondell et Ann Dvorak, et surtout Vingt Mille Ans sous les Verrous, de Michael Curtiz, grand drame qui permet à Davis, pourtant rôle secondaire,  de constituer  un  superbe couple avec Spencer Tracy...



Si ni Curtiz, ni Le Roy , ni Warner ne croient vraiment à l'avenir de la jeune femme, le directeur de production Darryl F.Zanuck est conscient de la large palette de l'actrice. Elle accède donc pour la première fois au vedettariat,  rôle principal, nom au-dessus du titre et tout avec cet Ex-Lady, son dixième film pour le studio, où elle est arrivée l'année précédente (!).
Le film est un remake d'Illicit, que Barbara Stanwyck avait tourné deux ans auparavant !


A l'époque, le film avait déjà outré les ligues de vertu : le mariage y est en effet fort malmené . L'héroïne y refuse d'épouser son compagnon, puis , ayant cédé, s'ennuie : le couple divorce, puis revit son amour en couple libre ! Scandale !
Le remake fera le même barouf, et sera même, dit-on , en partie responsable de la réactivation du code de censure morale.
Aujourd'hui,le coeur des amateurs de pre-code balance entre la version Stanwyck et la version Davis.
D'abord, parce que Davis, ici, est employée comme une diva pre-code franchement sexy (voir l'affiche) , chose qui n'était pas vraiment son emploi et dans laquelle elle se sentait mal à l'aise . Alors que Stanwyck, forte en gueule et en charme dès le départ, domine totalement son film.
D'ailleurs, Ex-Lady  est trop visiblement un test , visant à fabriquer Bette Davis, ici dotée de toutes les toilettes possibles et imaginables. Avec ces robes, n'importe quelle actrice aurait pu faire le boulot !, dira l'actrice.




Pas faux.
Mais il faut bien, d'autre part, admettre que Florey est un réalisateur plus habile qu'Archie Mayo, et qu'il parvient à donner une grande élégance au film... Et surtout à sa star, ce qui était le but recherché.
But qui ne sera pas atteint, le film ne remportant pas le succès escompté. Davis, consciente qu'on veut faire d'elle une autre actrice que ce qu'elle est, commencera alors une longue guerre de tranchées contre Jack Warner pour choisir ses rôles.

Photo de tournage avec Gene Raymond, Bette Davis et Robert Florey.

A l'issue de ce cycle, que dire de Robert Florey ? Que le cinéaste est sympathique et talentueux, mais qu'il n'a jamais eu l'ambition de choisir ses projets, d'imposer ses vues, ce qui en a fait un faiseur idéal et docile pour des studios gourmands. 
Si Florey avait mis la même énergie , la même exigence dans ses films que dans ses (superbes !) livres SUR le cinéma , nous aurions tenu, pour sûr, un grand auteur.

Extrait du film de ce soir :



A plus !

Fred.




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