vendredi 15 septembre 2017

CINEMA DE MINUIT - NEW YORK , UNE CITE SPECIALE...

Bonjour les amis !

Dimanche 17 Septembre, sur F3, aux alentours de minuit :

La Cité sans Voiles (1948), de Jules Dassin... 



La période américaine de Jules Dassin est considérée, et de loin, comme la meilleure. Sa période européenne , entamée suite à l'exil, au milieu des années 50, de cette victime du maccarthysme , est beaucoup plus inégale, il est vrai.
Mais toutes les oeuvres américaines de Dassin ne se valent pas non plus, et on peut même remarquer un réel crescendo dans la qualité , qui connaîtra  son  summum avec Les Forbans de la Nuit (1950), sa dernière production hollywoodienne tournée , ironie du sort, en Angleterre...
Ici, Dassin est encore sous la coupe de la firme Universal et surtout du producteur Mark Hellinger.


Soyons juste : le jeune Dassin aurait pu trouver nettement pire comme mentor : Hellinger , loin d'être un nabab d'Hollywood, est un journaliste très célèbre, qui , dans les années 40, se met en tête de produire des films . Esprit fin et forte personnalité, il veut produire des films différents, plus réalistes. Ce qui le met rapidement en contact avec des réalisateurs ambitieux : Raoul Walsh, John Huston, Robert Siodmak, et le jeune Dassin, à qui Hellinger à le culot de confier un gros film de prison, assez audacieux , Les Démons de la Liberté, avec Burt Lancaster en vedette.


La réussite du projet incite Hellinger à retravailler avec Dassin. Mais cette fois-ci, celui-ci déchante : le scénario qu'on lui remet est "épouvantable", succession de clichés, avec accumulation de personnages et de fausses pistes, le tout mené par un tandem de policiers tout ce qu'il y a de plus stéréotypés. Dassin exige alors , pour donner de l'authenticité à ce projet mal emmanché, de tourner TOUT le film en extérieurs, dans les rues de New-York. Et de fait, il n'y aura qu'un seul jour de tournage en studio.
Hellinger, enchanté par cette idée, accepte même d'écrire et d'enregistrer un commentaire en ouverture du film. Ce sera sa dernière contribution : il meurt le 21 Décembre 1947, quelques jours après le début du tournage. Qui se déroule sans grands soucis. Les soucis , ils sont pour après.
En effet, la Chasse aux Sorcières est lancée. Tout créateur soupçonné de sympathies communistes ou même de préoccupations sociales est dans le viseur des censeurs. Curieusement, ce n'est pas Dassin qui est d'abord inquiété, mais son scénariste, Albert Maltz.

Très engagé à gauche (il collaborera même à un documentaire soviétique pendant la seconde guerre mondiale), il fait partie des Dix d'Hollywood, qui, pour avoir refusé de répondre à la question sur leur appartenance au Parti Communiste devant la Commission des Activités Anti-Américaines, sont inculpés pour outrage et mis à l'index par l'industrie hollywoodienne. L'oeuvre de Maltz est , elle aussi, immédiatement examinée. D'accord avec Dassin, Maltz avait mis , dans la bouche de plusieurs personnages, des tirades conséquentes sur la misère sociale vécue par les New-Yorkais. Tirades qui seront implacablement censurées par Universal. Dassin, ne bénéficiant plus de la protection d'Hellinger, ne peut qu'assister à la mutilation de son oeuvre, qu'il reniera longtemps.

En l'état , le film reste intéressant, même s'il fut longtemps encensé pour de mauvaises raisons. Le filmage documentaire est, certes, superbe (William Daniels recevra, malgré le contexte, un Oscar pour la Photo du Film), mais il ne peut faire oublier le côté conformiste et confus du scénario. Le film souffre également d'une distribution honnête, certes, mais où aucune personnalité forte ne se dégage, si ce n'est celle du  vétéran Barry Fitzgerald.
Mais le film reste justement célèbre à travers son morceau de bravoure final , course-poursuite haletante dans les rues de New-York où l'on sent la patte d'un très grand metteur en scène.


A plus !

Fred.

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