samedi 22 octobre 2016

CINEMA DE MINUIT - ARCHANGE OU DEMON ?

Bonjour les amis !

Désolé de vous avoir laissé si longtemps sans nouvelles, parfois, la vie va trop vite, et pas toujours dans le sens qu'on voudrait...

Toujours est-il que....

Demain soir, à 00 H 20, sur France 3 : Gabriel Over The White House (1932), de Gregory La Cava...

 
 Judson Hammond, président des Etats-Unis , est un homme médiocre et impuissant . Victime d'un accident de voiture, il tombe dans le coma. Quand il en sort, il devient un autre homme, et décide de prendre les choses en main.

Voilà un film à prendre avec de grosses pincettes.
Certes, il est intéressant à plus d'un titre. D'abord, il annonce une recette qui sera chère, quelques années plus tard, à Frank Capra  : celle du John Doe, citoyen banal, qui, mû par la grandeur de sa charge et de ses responsabilités, se transforme en une sorte de héros civique. Il est difficile de ne pas penser , superficiellement, à L'Homme de la Rue ou à Mr Smith au Sénat...

 
Louis B.Mayer, lui, patron de la très conservatrice MGM, productrice du film, verra carrément dans cette histoire une apologie de Franklin Roosevelt et de sa doctrine dirigiste et étatiste . Pour ne pas être taxé de partialité , et surtout parce qu'il soutenait le candidat concurrent, Mayer attendra la fin de la campagne présidentielle pour sortir le film.
D'où la réputation de film rooseveltien que se trimbale le film. Réputation largement réductrice , nous allons le voir.
En effet, le nouveau président Hammond ne se contente pas d'être un homme providentiel : il prétend être la voix de l'archange Gabriel venu apporter l'ordre et la paix sur la terre . Et comment ? En résorbant le chômage, en régulant la finance, en combattant les gangsters. Mais aussi en mettant au pas un Congrès forcément corrompu et/ou feignant, et en mobilisant les forces militaires au service de l'Ordre ( les états étrangers sont contraints, sous la menace de l'armée, de régler leurs dettes de guerre !). Il ne fonctionne pas avec une équipe, des conseillers, il parle et décide SEUL, et sa voix est sacrée, puisque c'est celle de l'archange, voir plus haut. Où est le souci de démocratie, là-dedans ? Eh bien, oui, vous avez bien répondu, nulle part.
Plus qu'une synthèse des thèses de Roosevelt, le film fait donc l'étrange apologie d'une sorte de fascisme mystique , d'un régime autoritaire accepté par tous car venant d'en haut.
Le film est de 1932 : Mussolini est au pouvoir depuis dix ans, Staline également , et Hitler s'apprête à prendre le pouvoir. Gabriel démontre par l'étrange exemple que les années 30 furent bel et bien celles des totalitarismes, avec ce qu'elles pouvaient avoir alors d'attractif, et osons les mots, de lyrique et de flamboyant.
A la tête de ce douteux convoi, Gregory La Cava.

Cet ancien cartooniste des temps héroïques, travailla ensuite sur les comédies de W.C.Fields. C'est dans ce genre qu'il brillera, dans la deuxième partie des années 30, avec des classiques comme My Man Godfrey :


Mais ici, il est un peu compliqué de retrouver son style, tant le film (et c'est aussi une grosse différence avec Capra !) manque totalement d'humour, ce qui accentue encore le côté malsain de la démonstration.

La distribution est purement MGM : Karen Morley, le jeune Franchot Tone, et, dans le rôle du président,  Walter Huston, le père de John, dont ce fut un des rôles les plus importants .


Pour ceux qui s'intéressent au politique dans le cinéma classique, ce film est à ne pas rater , en tant que reflet ambigu d'une époque. Pour les autres, le choc risque d'être rude : allez plutôt revoir Mr Smith au Sénat...

Extrait : 


A plus !

Fred.

Sources :
Coursodon/Tavernier, 50 ans de Cinéma Américain, édition de 1991, Omnibus.
Anonyme, La Fabuleuse Histoire de la MGM, 1977, Le Livre de Paris.

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