lundi 29 août 2016

CINEMA DE MINUIT - TNT HAUTE DEFINITION...

Bonjour les amis !

Hier soir, à 00 H 20, sur F3 : Le Salaire de la Peur (1953), d'Henri-Georges Clouzot...


 Voici le film le plus célèbre, le plus populaire de son auteur. Le seul film à avoir remporté, la même année, la Palme d'Or à Cannes et l'Ours d'Or à Berlin . Doublé bien mérité. Comment un cinéaste d'atmosphère comme Clouzot, qui s'était perdu dans Miquette et sa mère, adaptation de Feydeau bien éloignée de son tempérament, a-t-il pu signer ce qui reste aujourd'hui comme un des mètres étalon du film d' action et de suspense ? Cela reste un mystère.
La rencontre avec sa seconde femme , Véra, a sans doute joué un rôle important.


Clouzot va tomber amoureux de la femme et de son pays, le Brésil. D'où le désir de tourner une aventure exotique en Amérique Latine. Mais les exigences du cinéaste vont mal s'accorder avec les réalités brésiliennes.
Qu'à cela ne tienne, son Amérique du Sud, Clouzot va la reconstituer... dans le Sud de la France (Gard, Camargue...) ! Et le résultat est bluffant !
Le roman d'origine est signé Georges Arnaud, et son idée de base est géniale : pour éteindre un incendie à l'autre bout du pays, une compagnie pétrolière engage quatre mercenaires pour transporter deux camions de nitroglycérine. Problème : la nitro, ça pète au moindre choc.
Le film est donc une vaste équipée, qui permet une nouvelle fois à Clouzot de montrer une humanité cynique et désespérée : la Compagnie n'hésite pas à envoyer des paûmés à la mort, et les paûmés en question ne sont guère attachants . Loin du voyage initiatique , le trajet sera l'occasion de faire tomber les masques et de montrer les aspects les plus noirs de chaque conducteur.
Le personnage le plus emblématique est monsieur Jo.


Matamore, faux caïd , Jo apparaîtra peu à peu comme ce qu'il est : un incapable, un fainéant, et un authentique couard. Ce rôle , refusé par Gabin, permettra à l'immense Charles Vanel de relancer sa carrière.
Le film permit également à Yves Montand de devenir ENFIN un acteur...


Chanteur extrêmement populaire , Montand ne parvenait pas à se remettre de ses débuts catastrophiques au cinéma, dans Etoile sans Lumière, aux côtés d'Edith Piaf, et surtout Les Portes de la Nuit, de Prévert et Carné , en 1946, où il apparut faux et emprunté...


Est-ce la rencontre avec Simone Signoret ou la tyrannie coutumière de Clouzot ? Le dadais maladroit laisse ici la place à un mâle de chez mâle, physique, animal, qui ne songe qu'à partir du désert pour épouser celle qui l'aime, incarnée par... Véra Clouzot.


Et nous en arrivons à l'épineux dossier Véra Clouzot, qui nous occupera pendant quelques chroniques de ce cycle. La belle n'était pas, mais alors pas du tout comédienne. Son mari, érotomane, tiendra cependant à ce qu'elle incarne ses propres fantasmes sur grand écran. Ici, elle est érotisée au maximum, et la scène où elle embrasse la main de son homme en même temps qu'elle lave par terre, est à la fois très audacieuse pour l'époque, et , en même temps assez dérangeante, l'actrice (?) n'assumant pas, n'incarnant pas vraiment ce moment hot. Les interprétations de Véra ne mettront jamais vraiment en péril la mécanique savamment huilée du réalisateur, mais ce malaise persistera, malgré tout, dans les films suivants. Nous y reviendrons. Ici, du reste, Véra apparaît assez peu.
Les deux autres chauffeurs méritent d'être salués, tant leur composition est également remarquable.


Folco Lulli, second rôle très demandé du cinéma italien, tient ici son rôle le plus célèbre, de même que l'allemand Peter Van Eyck, qui a le privilège de prononcer la réplique la plus célèbre du film, tout en se rasant : Si je dois faire un macchabée, que je fasse au moins un macchabée présentable"...

André Bazin écrivit que le film était la fusion parfaite des leçons du néoréalisme italien et du cinéma hollywoodien.
Hollywood, où le film est célèbre, ne s'y trompera pas : William Friedkin signera, en 1977, un remake du film, Sorcerer, qui, chose rare, est également un excellent film.


A plus !

Fred.




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