dimanche 3 avril 2016

CINEMA DE MINUIT - LILAS MAUDIT...

Bonjour les amis !

Ce soir, à 00 H 20, sur F3 : Coeur de Lilas (1931), d' Anatole Litvak...

 Il y a des films qui , non seulement sont de bons films, mais qui, pour le chroniqueur, sont de véritables carrefours de vie, de destins. Coeur de Lilas est de ceux-là.
Injustement méconnu, récemment redécouvert, ce film appartient à la famille déjà pléthorique des films d'apaches, mélangeant filles perdues, mauvais garçons et flics infiltrés, genre dont l'objectif était de gentiment effaroucher le bourgeois en lui montrant le quotidien de ces voyous vivant près de chez eux . Beaucoup de navets , ou d'oeuvres, disons passe-partout, ont puisé à cette source. Ce n'est pas le cas du film de ce soir.
Inventif, vif, rythmé, c'est une véritable carte de visite artistique du jeune Anatole Litvak.
Ce metteur en scène d'origine ukrainienne tourne son premier film en URSS avant de partir en Allemagne, où il devient le monteur de Pabst sur La Rue sans Joie, avec Greta Garbo... L'antisémitisme galopant l'oblige ensuite à se partager entre l'Angleterre et la France, où il s'impose. Coeur de Lilas est son premier vrai film français, et c'est un coup de maître, d'une incontestable virtuosité . Il tournera ensuite deux autres très beaux films, l'Equipage et Mayerling, avant de partir pour Hollywood, où il deviendra un des piliers de la Warner, notamment auprès de Mrs Bette Davis...


Ne vous fiez pas à l'affiche du film, probablement éditée à l'occasion d'une ressortie de la fin des années 30, en plein mythe Gabin : notre Jeannot national n'a pas la tête d'affiche , et il est encore à l'orée de sa carrière. Il n'a que peu de films à son actif, et la plupart l'utilisent ... comme chanteur . Il s'est en effet illustré dans un duo de music-hall avec sa première femme, Gaby Basset :


Ici, en dehors du fait qu'il joue le mauvais garçon , le rival du héros dans le coeur de la fille perdue, il chante ce qui restera comme un des ses grands succès discographiques : La Môme Caoutchouc...
Le succès, et les rôles importants , viendront à partir de 1933, et du Tunnel , de Kurt Bernhardt...

Il a le grand honneur de chanter cette chanson avec la grande Fréhel, qui entame avec ce film sa deuxième carrière, celle où, loin de la belle chanteuse d'antan, elle va jouer les goualeuses abîmées par la vie... 

Le rôle principal du film est incarné par André Luguet...


Ce jeune premier a, en fait, déjà la quarantaine quand il aborde le parlant ! Ami de Maurice Chevalier , il débute au théâtre un peu avant la Première Guerre Mondiale, et y connaît rapidement le succès, aussi bien sur le boulevard qu'à la Comédie-Française . Chose rare, il est également sollicité par le cinéma, et fait même partie de la distribution du Fantômas de Feuillade en 1915...


Il passe au parlant comme une fleur, et finit même par quitter le Théâtre Français pour se consacrer plus pleinement au cinéma...

Mais Coeur de Lilas fut également un film maudit .
Maudit pour un tout jeune acteur, qui attaquait ici son quatrième long-métrage, qui avait déjà rencontré Gabin sur le film Paris-Béguin , et qui allait devenir son grand ami : Fernandel...


On voit Fernandel dans le film... mais moins que prévu : victime de la chute d'une lampe à arc, ces grosses et chaudes lampes qui éclairaient les plateaux, il sera hospitalisé , et restera aveugle pendant plusieurs semaines ! C'est un autre comédien qui reprendra les dernières répliques du pauvre garçon d'honneur, qui aura quand même eu le temps de pousser la chansonnette avec Luguet...
Mais le destin le plus tragique reste celui de l'actrice principale du film , Marcelle Romée.


Jeune espoir du  théâtre dès la fin des années 20, elle exige de la Comédie-Française de passer sociétaire. Ce qu'elle obtient... avant de finalement refuser et de quitter la Maison. Elle se lance alors dans le cinéma. Coeur de Lilas est son quatrième... et dernier film. En Novembre 1932, dépressive, elle est internée. Elle s'échappe alors de l'hôpital et va se jeter du Pont de Chatou. On dit alors qu'elle aurait pu être assassinée. Le mystère restera complet. Drôle d'histoire... Digne d'un film français des années 30...

Plutôt qu'un extrait, je vous propose pour finir deux des chansons du film...





A plus !

Fred.



 






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