dimanche 24 avril 2016

CINEMA DE MINUIT (à la bourre...) - FORCE BRUTE...

Bonjour les amis !

Dimanche dernier, à 00 H 20 : Les Démons de la Liberté (1947), de Jules Dassin...


 Encore un film de prison, me direz-vous. Le genre, à la fin des années 40, n'était déjà pas neuf, et de Big House à Je suis un Evadé, le cinéma américain adorait montrer des gros durs en captivité, des loups entre eux.



 Sauf que. Sauf que là, monsieur Richard Brooks est au scénario, monsieur Mark Hellinger à la production, et monsieur Jules Dassin derrière la caméra.
Si l'on veut être honnête, on reconnaîtra que l'élément le plus important de l'équation n'est pas Dassin, mais Hellinger.
Hellinger fut un très important journaliste new-yorkais, qui se lança sur le tard dans la production de films. Progressivement, il devint de plus en plus ambitieux, se spécialisant dans la production de polars pour la Warner. Devenu indépendant, il s'imposa en produisant les splendides Tueurs de Robert Siodmak, révélant du même coup Ava Gardner et Burt Lancaster...


Le scénario des Tueurs devait beaucoup à un jeune scénariste non-crédité, Richard Brooks. Brooks, comme Hellinger et Dassin, était un honnête homme qui souhaitait, à travers ses films, transmettre une vision, des questionnements autour de la société. Ces trois-là s'entendirent pour faire de leurs forçats des victimes plutôt que des criminels. C'est la faiblesse du film . Pour convaincre le spectateur que les prisonniers qu'on lui présentait méritaient de s'évader, le scénario nous inflige des flashbacks , qui sont à la décharge des taulards, tous en prison... par amour ! Ce détour nunuche, et un tantinet misogyne, affaiblit, en fait, la portée sociologique du film, qui montre comment ces prisonniers , tout prisonniers qu'ils soient, sont injustement tyrannisés par un sous-directeur sadique.
Heureusement, il y a Dassin. Celui-ci eut bien de la chance d'avoir été engagé sur le projet : il venait de la MGM, où il n'avait rien tourné, à vrai dire, d'intéressant. Ce film marque le début de sa grande période.
Il resserre les boulons de l'intrigue, et obtient le meilleur des ses interprètes, et , surtout, de Burt Lancaster.


Le mélange de virilité, de sensualité et de douceur qui émane de Lancaster est ici employé à son maximum, mieux encore que dans le film de Siodmak, qui avait mis l'accent sur le côté brute du personnage. Leader du groupe, il apparaît malgré tout vulnérable, comme ses camarades, face au sadisme et à la perversion du sous-directeur Munsey, joué par Hume Cronyn.



 Acteur de composition, familier de Hitchcock (L'Ombre d'un Doute, Lifeboat), Cronyn incarne une figure il est vrai coutumière du film de prison , mais qui prend ici une dimension très particulière : sec, autoritaire, torturant à l'occasion les prisonniers mais également efféminé et vraisemblablement homosexuel , Munsey est , dans l'inconscient collectif des américains de 1947, l'archétype du nazi. Ce qui se joue dans le film est donc également une reproduction en modèle réduit de ce qui s'est joué durant le second conflit mondial.
La scène d'évasion finale, très spectaculaire, en est une implacable preuve : c'est du haut d'un mirador que Munsey, acculé, tire sans hésiter sur l'ensemble des prisonniers. Les évadés, eux, trouveront tous la mort dans l'aventure, mais Lancaster aura le temps d'éliminer le tyran, réinstallant ainsi à son poste, sans le savoir,  le directeur bienveillant , compréhensif, démocrate. Ils auront ainsi travaillé pour l'avenir, tous comme les soldats tombés durant la guerre...
Dassin et Hellinger se retrouveront l'année suivante pour un film encore plus réussi, que Hellinger, victime d'une faiblesse cardiaque, ne verra pas : La Cité Sans Voiles... Mais c'est une autre histoire...

Ce soir, à 00 H 20 : Les Nuits Moscovites (1934), de Alexis Granowsky...
Article à suivre...

A plus !

Fred.




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