samedi 9 janvier 2016

CINEMA DE MINUIT (à la bourre !) - FELLINI RIMINI...

Bonjour les amis ! Meilleurs voeux à tous !

Dimanche dernier, à 01 H 00, sur F3 : Amarcord (1973), de Federico Fellini...


Amarcord signifie à peu près Je me souviens, en dialecte de Romagne, région natale de Fellini. A l'instar de Perec, le plus fou des cinéastes italiens nous conte ici comment l'univers de sa jeunesse a profondément influencé son oeuvre.
L'origine du film se trouve en effet dans un texte que Fellini avait composé en hommage à Rimini. C'est en discutant avec le scénariste  Tonino Guerra, également natif du cru, que l'idée du film est venue : mais il n'était pas question d'en faire une biographie nostalgique et réaliste : pour les deux hommes, il s'agissait avant tout de raconter une époque : celle de la province italienne des années 30-35. Ce qui y était raconté devait pouvoir être transposable dans toutes les régions du pays, même si le film est en dialecte romagnol.
Et c'est , de fait, après les très (trop) littéraires et copieux Satyricon et Roma, un retour aux sources pour l'auteur. Et un de ses plus beaux films.
Titta, double du cinéaste, grandit à Rimini en ces années troubles : sa famille est turbulente, et il n'aime rien tant que de traîner dans les rues de sa ville pour observer les personnages hauts en couleur qui la composent : un accordéoniste, un idiot, des professeurs aux compétences contestables, et evidemment, car nous sommes dans un Fellini, des femmes : entre la buraliste accorte, la nymphomane du village, et la coquette Gradisca, le coeur et les hormones du jeune garçon balancent.
Tout cela traité à total rebours du néo-réalisme : les personnages sont stylisés, accentués, les situations truculentes , et il est laissé libre court à la poésie. Parmi toute une galerie de gueules et de corps, le cinéphile reconnaîtra, dans le rôle de la belle Gradisca, tout de rouge vêtue, la superbe Magali Noël dans son plus beau rôle de cinéma :


Mais Amarcord est également le film le plus politique de Fellini : en effet, le ton du film bascule après la scène du bal fasciste , démonstration des limites d'un univers clos , répétitif, et maintenu artificiellement en enfance. La célèbre scène où les passants se précipitent dans des barques pour tenter d'approcher le gigantesque paquebot Rex reste la terrible métaphore d'un monde de grands gamins courant après un inaccessible Âge d'Or.
Le personnage central n'aura d'autre solution , pour s'arracher à cette torpeur, que de grandir, de partir et de faire oeuvre d'artiste.
Pendant flamboyant des Vitelloni, Amarcord reste un des plus beaux films ayant été tourné sur les liens si mystérieux existant entre l'art et la vie...
Musique splendide de Nino Rota.

Bande-annonce : 


A plus !
Fred.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire