dimanche 29 novembre 2015

CINEMA DE MINUIT - PRES D'UN LAC, LE RETOUR...

Bonsoir les amis !

Ce soir, à 00 H 20, sur F3 : La Vengeance de l'Aigle Noir (1951), de Riccardo Freda...




 Eh ben, eh ben, eh ben, qu'est-ce que c'est que ces façons ? On nous passe La Vengeance de l'Aigle Noir sans nous avoir passé auparavant L'Aigle Noir ? Mais comment on va comprendre ce qui se passe, nous ? C'est pas comme si le premier volet était connu, et puis même ! Ca ne se fait pas !
Bon, ben , parlons des deux films, de toutes façons, je ne les ai vus ni l'un ni l'autre !
L'Aigle Noir, version italienne, est sorti en 1946. C'est le remake d'un des films muets les plus connus du sieur Rudolf Valentino...


Inspiré de Pouchkine, le film conte la vengeance (déjà ) du fils d'un officier du tsar, assassiné par un vil profiteur qui s'est accaparé ses biens. Il rencontre la fille du vilain et en tombe amoureux, rendez-vous compte. Dans ce premier volet, le gentil Doubrovski est joué par Rossano Brazzi, et le méchant Petrovic par Gino Cervi, qui n'était pas encore Peppone, mais qui état déjà un des acteurs fétiches de Freda...

Riccardo Freda fut un des plus prolifiques et inventifs metteurs en scène de genre qu'ait connu l'Italie de l'après-guerre. Eclipsé par les innombrables auteurs transalpins, il fut redécouvert dans les années 60 par les cinéphiles du cinéma le Nickelodeon, parmi lesquels on trouvait Bertrand Tavernier et Yves Boisset.
Freda s'est colleté à tous les genres considérés comme peu nobles ; cape et épée, mélodrame, péplum, fantastique, en essayant le plus souvent de tirer le meilleur d'un matériau parfois banal. Ce qui ne l'empêchait pas de se lancer parfois dans des projets d'envergure : juste après L'Aigle Noir, il livra une assez remarquable version des Misérables, avec Cervi en Jean Valjean, version que le CDM nous passera... la semaine prochaine !


Mais il faut croire que L'Aigle Noir fut un assez gros succès, puisqu'on commanda à Freda une suite... cinq ans plus tard  ! Exit Cervi, parti se quereller avec Fernandel, mais rebonjour Brazzi/Doubrovski !

Brazzi eut , lui aussi, une carrière longue et éclectique. Il s'installa dans le drame, le film de cape et d'épée, et  tenta plusieurs fois l'aventure internationale, ce qui lui permit de jouer pour Douglas Sirk, Mankiewickz, David Lean, et même Abel Ferrara !
Nous retrouvons donc notre Doubrovsky bien après la nouvelle de Pouchkine. Il était parti, il revient, toute sa famille a été assassinée, et il décide donc... de se venger. Encore. C'est une manie. Et pour se venger du méchant (Peter Trent, cette fois, inconnu au bataillon), il décide d'enlever sa soeur, incarnée par la réjouissante Gianna Maria Canale...


"Je défie quiconque de continuer à manger quand Gianna entre dans un restaurant" disait Freda qui était son compagnon, son mentor, et à qui elle doit ses rôles les plus importants.Elle sera également considérée comme une des reines du péplum, notamment à travers Théodora reine de Byzance (1953) , bien sûr signé Riccardo...




Ne pas rater, en tous cas , ce western cosaquo-italien, une curiosité !

A plus !

Fred.




dimanche 22 novembre 2015

CINEMA DE MINUIT - PEPLOUM BADABOUM...

Bonjour les amis !

Désolé, mais j'étais trop touché, comme beaucoup, la semaine dernière, pour vous chroniquer Le Bigame , de Luciano Emmer.. ou  même pour le regarder, d'ailleurs...

Ce soir, à 00 H 20, sur F3 : Messaline (1951), de Carmine Gallone... 

 

Hollywood pourra bien dire ce qu'il voudra, le vrai pays du Péplum, c'est l'Italie . C'est de là que sont venus , dans les années 10, les deux premières superproductions à colonnes et jupettes : Quo Vadis (1912), d'Enrico Guazzoni...


... et surtout Cabiria (1914), de Giovanni Pastrone...


Messieurs Griffith , DeMille, et autres américains n'ont eu qu'à suivre et à développer. Fort bien, d'ailleurs, un des modèles muets du genre  restant le Ben Hur de Fred Niblo, tourné en 1925, époque où le genre était , déjà, dans son pays d'origine, tombé en désuétude...

Mussolini essaya bien de relancer le genre pour lui donner une symbolique politique forte, avec, par exemple, l'imposant Scipion L'Africain (1938), réalisé, tiens, tiens, par Carmine Gallone...


Mais l'exercice vint trop tard, et le genre, assimilé à l'idéologie fasciste, rentra prestement dans sa coquille.
Mais il ne tarda pas à réapparaître, et de manière assez gigantesque : une coproduction franco-italienne à très très gros budget, intitulée Fabiola, et ayant pour vedettes Michèle Morgan et Henri Vidal...


Ce succès inattendu donna des idées aux producteurs, et, notamment, à celui de ce Messaline.
Ah, Messaline, incarnation même de la dépravation et de la duplicité. cette épouse de l'empereur Claudius peut concourir, d'égal à égal avec Lucrèce Borgia, au titre de plus belle garce de l'Antiquité. Peut-être pas au regard de l'Histoire, mais en tous ca au regard de la Littérature et du Cinéma, qui l'ont largement décrite, et le plus souvent pas très habillée.
Le film de Gallone est une coproduction hispano-italo-française. Ce type de mic-mac international caractérisera rapidement le genre , avant de profiter au western spaghetti. La distribution témoigne de l'aspect Auberge Espagnole du projet :
Cette peste de Messaline est interprétée par la mexicaine Maria Felix.


C'est à l'évidence un tremplin européen pour cette très belle femme déjà très populaire en Espagne et dans son pays, où elle a succédé à Dolorès Del Rio dans les beaux mélodrames signés Emilio Fernandez...


Dans le rôle de son amant, Caius Sillus, on trouve le pauvre français Georges Marchal, déjà vu au CDM dans Bethsabée, et qui échoue encore à trouver LE film qui le sortira de ses raides beaux gosses. L'empereur Claude est , quand à lui, incarné par l'italien  Memmo Benassi, vieux de la vieille du Cinéma et surtout du Théâtre Italien, dont c'est une des dernières apparitions.
Et comme souvent dans les péplums, on trouve dans la distribution des comédiens que l'on ne s'attend pas à trouver là, comme les vieux routards Jean Tissier et Germaine Kerjean, ou encore le jeune Michel Vitold !
Et je ne parle même pas des scénaristes, où on remarque les noms de Pierre Laroche, vieux complice de Prévert, et d'Albert Valentin, spécialiste chez nous de comédies de moeurs !

Chaînon manquant entre les productions muettes et les délires kitschissimes des années 60, le péplum des années 50, s'il n'a plus la magnificence de ses aînés,  se prend encore un peu au sérieux. Pour le meilleur et pour le pire...

Making-of d'époque du film...


A plus.

Fred.




vendredi 6 novembre 2015

CINEMA DE MINUIT - UNE ANNEE PARTICULIERE...

Bonjour les amis !

Dimanche soir, à 00 H 20 sur F3 : Dommage que tu sois une Canaille (1954), de Alessandro Blasetti...


Nous entrons pour quelques semaines dans un cycle Cinéma Italien qui démarre avec un film qui a le mérite d'aligner trois noms parmi les plus évocateurs de la production transalpine de l'Age d'or : De Sica, Loren, et Mastroianni. 
S'agit-il pour autant d'un chef d'oeuvre ? Non. Plutôt d'une étape.
Au milieu des années 50, le néo-réalisme ne fait plus recette.
Il ne fait plus recette auprès des jeunes auteurs en devenir, les Fellini, Pasolini, Monicelli, qui vont chercher d'autres formes, plus féroces,  susceptibles de dépasser le simple constat social, penchant parfois dangereusement vers le misérabilisme.
Il ne fait plus recette auprès des ses fondateurs même, Rossellini, Visconti, et même De Sica, qui vont tourner leur génie vers des imaginaires plus fous, plus forts.
Et surtout, il ne fait plus recette auprès du public italien, fatigué de retrouver sur grand écran ses malheurs du quotidien.
Mais , en attendant que toutes ces frustrations aboutissent à l'explosion artistique des années 60, les producteurs, malins et aux aguets, vont trouver la parade : ils vont garder la cosse du néo-réalisme, tournage en extérieurs, vraies gens, détails authentiques... pour raconter des petites histoires gaies qui vont charmer le public, lui permettre de se reconnaître , tout en appréciant le miroir tendu. On va appeler ca gauchissement le néo-réalisme rose.
Le film qui va marquer le début, et la réussite de ce courant est le fameux Pain, Amour et Fantaisie, de Luigi Comencini...


Le film est le modèle du genre : un petit village typique, où tous les gens sont de braves gens, pittoresques mais braves, un acteur populaire (De Sica) incarnant un carabinier décalé mais sympathique, et... une ravissante sauvageonne (Gina Lollobrigida) incarnant la santé, l'optimisme, la gouaille et la beauté de la femme italienne.
Le film de ce soir est dans la droite lignée de ce courant. On y retrouve De Sica, cette fois en voleur, et père d'une voleuse , qui n'est autre que Sophia Loren.

Sophia Loren est d'abord une création de la presse du coeur, comme on appelait alors la presse people. Elue Miss Elegance à 17 ans, elle pose dans moult romans-photos et n'hésite pas à apparaître seins nus dans ses premiers (et mauvais) films. En 1952, elle signe un contrat important avec le producteur Lombardo qui va la sortir de ces marécages, notamment en la signant pour le formidable Or de Naples de... De Sica ! (Eh oui, il est partout, celui-là !). Elle obtient enfin son premier grand rôle dans  une étrange version filmée de Aïda , de Verdi... où tous les acteurs sont doublés pour le chant !!



Mais le film de ce soir marque un palier important dans sa carrière , d'abord parce qu'elle peut enfin y exposer pleinement une fantaisie de jeu, qui, alliée à sa sensualité naturelle, fait des ravages. Et ensuite, parce que c'est sa première rencontre avec  Marcello Mastroianni.


Le jeune Mastroianni arpente les plateaux depuis la fin des années 40, mais jour de malchance. Il joue parfois dans des films marquants , mais les producteurs s'en défient, à tel point que sur le Dimanche d'Août de Luciano Emmer, il est doublé par Alberto Sordi !


Pour sa carrière aussi, le film est important : le rôle de ce chauffeur de taxi naïf, victime d'une trop belle fille , lui vaudra l'affection du public, et le tiendra dans des emplois de brave gars pour quelques années, avant que Visconti et Fellini, entre autres, ne révèlent sa grandeur aux yeux du monde.
L'alchimie entre Loren et Mastroianni est évidente. Ces deux-là ne joueront pas moins d'une douzaine de fois ensemble , le sommet de leur complicité étant atteint dans la superbe Journée Particulière (1977) , d'Ettore Scola...


Mise en scène tranquille, tranquille, par le vétéran Alessandro Blasetti, cette adaptation lointaine de Moravia  est plaisante, notamment grâce à l'abattage réjouissant de ses trois interprètes. On peut y voir, à toutes toutes petites touches, l'embryon de cruauté qui caractérisera  la grande Comédie Italienne. Mais bon, il faut de bonnes lunettes.
En tous cas, le succès du film sera tel que , quelques mois plus tard, cette fois sous la caméra de Mario Camerini, le trio se reformera pour un film du même acabit, Par-dessus les moulins..




Bande-annonce du film de dimanche :


A plus !

Fred.

dimanche 1 novembre 2015

CINEMA DE MINUIT - BEBERT STROGOFF...

Bonjour les amis !

Ce soir, à 00 H 15, sur F3 : Volga en Flammes (1934), de Victor Tourjansky...


Si vous avez vu Razumov il y a quinze jours, vous savez que le cinéma français des années 30 avait beaucoup d'affection pour les récits russes. Les récits russes situés de préférence avant la Révolution, c'était plus romantique, plus pittoresque. De l'arrivée du parlant à 1940, on ne comptait plus les épopées moscovites. Jouées , comme vous l'aurez compris, par nos acteurs nationaux.
Et choisir Albert Préjean, acteur parigot comme pas un, pour incarner un officier russes, voilà qui est croquignolet ! Le scénario, lui, vaguement inspiré de Pouchkine, est assez linéaire : un aventurier se proclame tsar du peuple. Un militaire qui lui avait sauvé le vie (Préjean) va monter une armée contre lui, et le vaincre...
Le film, une petite chose assez rigolote, mais oubliable , marque surtout la première association d'un tamdem très populaire dans les années 30 : Albert Préjean/Danielle Darrieux...

Ces deux-là allaient tourner pas moins de sept films ensemble entre 1937 et 1942, des comédies, pour la plupart. Volga est à part : si Préjean est déjà une vedette, Darrieux, dont c'est le sixièmefilm , n'a pas encore tourné de très grands succès et est encore le faire-valoir féminin du héros... On la voit par ailleurs assez peu dans cette histoire de cosaques.

La plus-value du film, c'est l'inénarrable Inkijinoff.

Valéry Inkijinoff est un acteur russe, bouriate pour être plus précis. Son cursus est prestigieux : il étudie avec Meyerhold ,  Eisenstein, puis Lev Koulechov. Il devient metteur en scène pour les plus grands studios soviétiques. Mais , à l'occasion d'un voyage en France organisé pour lui faire découvrir le cinéma parlant, il rencontre des russes émigrés et décide de ne pas repartir. A partir de là, il sera , pendant trente ans, LE chinois, l'asiatique, le mongol de service dans tous les films possibles et imaginables , étant réduit à son physique inquiétant comme le fut, à la même époque, Erich Von Stroheim.  Ce qui lui permit tout de même de tourner avec des cinéastes aussi prestigieux que Duvivier, Pabst ou Fritz Lang. Ce comédien atypique donne du cachet à tous les films où il apparaît, et celui-ci ne fait pas exception.
Autre russe exilé, le réalisateur Victor Tourjansky;

Lui fait partie de la vague d'émigrants des années 1920, qui allaient constituer le noyau du fameux studio Albatros, le studio russe... de Paris. Mais très vite, Tourjansky se spécialise dans les drames amoureux, et les fresques... russes. Son Michel Strogoff de 1926 fera de lui, et pour longtemps, le spécialiste des aventures tartares...
Dès lors, il partagera sa carrière entre la France , l'Allemagne et l'Italie.
Enfin, pour boucler la boucle, il achèvera sa carrière par... le Triomphe de Michel Strogoff, en 1961, trente-cinq ans après la version précédente, et qui fut, à nouveau, un succès !


A noter que l'on peut retrouver , dans Volga, dans le rôle d'un rival, le jeune Raymond Rouleau, vu la semaine dernière, ainsi que la comédienne Nathalie Kovanko, qui fut la femme de Toujansky, et dont c'est une des rares apparitions parlantes avant qu'elle ne le quitte, ne rentre en Russie, et n'abandonne le métier...

A plus !

Fred.