samedi 5 septembre 2015

CINEMA DE MINUIT (Rattrapage) : MARINEZ-LE !!

Bonjour les amis !

Dimanche dernier, à 00 H 20, sur France 3 : Tourments (1954), de Jacques Daniel-Norman...

 C'est ce qu'on appelle le yin et le yang. On passe une très belle journée, avec ses amis, à fêter ses 40 ans. Les amis en question vous aident à installer la nouvelle télé HD que l'on vous a offerte pour l'occasion. Vos amis vous embrassent et vous laissent etrenner l'appareil avec votre cher CDM.
Qui vous passe, ce soir-là... un gros, gros navet. Tout instant de bonheur se paye.
Le seul, je dis bien, le seul intérêt de Tourments est d'être le dernier film de Tino Rossi. Et un des plus grâtinés.
Le cinéma français a toujours, pour des raisons commerciales évidentes, voulu faire tourner des films à ses chanteurs , et cela, dès les débuts du parlant. On les embarquait dans des aventures, dont, le plus souvent, le prétexte était une de leurs chansons . Certains, les fantaisistes, le plus souvent, tiraient habilement leur épingle du jeu d'une entreprise balourde : Milton, Pills et Tabet, Bach et Laverne, Joséphine Baker, et plus tard Line Renaud ou Annie Cordy. Pour d'autres, ce fut une révélation : Chevalier, Gabin, et plus tard Bourvil. Mais pour d'autres enfin , ce fut une catastrophe : Trenet, Piaf, Mariano, et , dans le cas qui nous intéresse, Tino Rossi. Le pire, concernant Tino, est que ce fut une catastrophe qui dura. Près de vingt ans.
Il faut dire qu'à cette époque, la télévision n'était pas disponible , et que les artistes ne tournaient que parcimonieusement en province. Le cinéma était alors la seul possibilité pour le public de voir bouger et chanter les artistes que l'on entendait à la TSF. Et concernant le père Tino, qui traînait après lui un flot d'admiratrices, l'affaire était particulièrement rentable pour les producteurs.
Tino tournera ainsi une trentaine de films entre 1934 et 1954. Bizarrement (et raisonnablement), dans ses premiers films, on l'entendait sans le voir, comme dans le fameux Justin de Marseille , de Maurice Tourneur, où son chant accompagne l'action...


... Et ça valait mieux. Rossi était en effet un acteur exécrable, mou, faux, et dépourvu de charisme. Et, contrairement à d'autres, il ne fit aucun progrès durant ses vingt ans de carrière...

Les spectateurs et trices, surtout, venaient le voir chanter, et ses films sont prétextes à sérénades multiples.
Il tourna dans quelques films à sauver , mais qui le sont malgré lui : Naples au Baiser de feu (1937), bénéficie du dialogue d'Henri Jeanson, de la présence de Michel Simon et surtout de Mireille Balin, avec qui il formera , à la ville, un couple particulièrement orageux , qui fera la joie des échotiers...


... Et on peut également retenir La Belle Meunière (1948) , film de Pagnol  en Rouxcolor, système pas au point qui voit notre Tino jouer Schubert... tout flou !


Mais sinon, le reste n'est qu'historiettes cornichonnes ou édifiantes !
Tourments ne fait pas exception à la règle : ce mélo pur sucre tombe dans tous les clichés du genre . Un couple en crise , qui a adopté un enfant , voit la mère naturelle de celui-ci (une peste, ben tiens !) réclamer sa garde. Pris en tenaille, l'enfant fugue... Presque tout le monde joue mal, et quand ça joue bien, c'est pour réciter un dialogue inepte. Le jeune De Funès surprend dans le rôle d'un détective plus antipathique que drôle. Mais on est surtout déçu de voir la belle  Blanchette Brunoy, qui fut si belle dans La Belle Humaine, et si convaincante dans le Café du Cadran, diffusé il y a quinze jours, sombrer dans une telle entreprise...
Tino, vieilli et empâté, décida sagement d'arrêter le carnage après ce film. La télévision et les disques permirent à ses fans, jeunes et moins jeunes, de continuer à se pâmer à l'écoute de ses roucoulades, jusqu'à sa mort, en 1982...

Extrait... avec De Funès (ça vaut mieux !)...



A plus !

Fred.





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