mardi 11 août 2015

CINEMA DE MINUIT ( à la bourre !) : LE CHÂTEAU DE MARCO...

Bonjour les amis !

Dimanche dernier, à 00 H 20, sur F3 : L'Audience (1971), de Marco Ferreri...


 Voici une drôle de rareté signée par le réalisateur de La Grande Bouffe et de Rêve de Singe...




Encensé à l'époque par une bonne partie de la critique, cette Audience avait, depuis, un peu sombré dans l'oubli. Il faut dire que le provocateur Ferreri joue ici dans un bac à sable où l'on ne l'attendait pas : celui de Kafka, et de son Château, dont le film s'inspire. L'argument du film est en effet limpide : un homme, au Vatican, demande à PARLER au pape. Consciencieusement , tranquillement, mais sûrement, des ecclésiastiques, un flic, une prostituée , l'en empêcheront. Il mourra d'épuisement , juste avant qu'un autre homme ne vienne , à son tour, demander à parler au pape.
La parabole est typique de son époque : le pouvoir n'est pouvoir que s'il est inaccessible et muet . Le film dépasse largement le thème de la religion pour traiter celui de l'autorité et des moyens de sa légitimité.
Ceci étant dit, le film surprend par son caractère mécanique et abstrait. Nous ne saurons jamais de quoi l'homme veut entretenir le pape, et les personnages rencontrés sont étranges, opaques, leurs relations avec l'homme mal définies. Une fois que le dispositif est posé, le film tourne un peu en rond, sans crescendo, sans surprise, contrairement , par exemple, à la spirale infernale du Procès de Welles, d'après le même Kafka...


Autre particularité contre-productive , à mon avis : le fait d'avoir fait jouer les obstacles par un chapelet de stars : Gassman, Tognazzi, Piccoli, Alain Cuny, et Claudia Cardinale, qui, au passage, a rarement été aussi belle, dans un personnage pourtant plus vulgaire que son emploi habituel...

Ceux-ci, notamment Gassman, donnent trop l'impression de faire un numéro sans forcément savoir où ils vont, ce qui est assez troublant, d'autant plus que l'interprète de l'homme en quête, est, lui, assez monolithique : il s'agit de Enzo Janacci, qui remplace ici au pied levé l'acteur David Warner, et qui est principalement connu en tant que ... chanteur rock !


Le tout donne un film, il est vrai, assez étouffant, mais auquel il manque la sensation de folie inhérente à la quête impossible... Un film, en quelque sorte, trop théorique, et, même, quelque part, dépassé : on peut considérer que de nos jours, la difficulté n'est plus de parvenir à rencontrer la personnification du pouvoir... Etant donné que le pouvoir n'est plus personnifié, et que l'autorité, toujours aussi implacable, est morcelée, sans visage... et bavarde, ô combien !!!

Extrait du film (avec Claudia Cardinale, parce que, vraiment...)


A plus !

Fred.



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