jeudi 11 juin 2015

CINEMA DE MINUIT - UNE BELLE FILLE COMME ELLE...

Bonjour les amis !

Dimanche, à 00 H 25, sur France 3 : Pandora (1951) , de Albert Lewin...

Cette fois , le terme n'est pas usurpé : nous sommes en présence d'un film culte. Un film qui a marqué toute une génération de spectateurs, pour lesquels c'est peut-être le film d'amour définitif. Ah oui, que les cyniques passent leur chemin, ce film est une histoire de passion. La passion qu'éprouvent plusieurs hommes pour une seule femme, objet de convoitise, de désir, mais à jamais inaccessible : la belle Pandora, dans l'Espagne des années 30. Ces hommes sont des hommes perdus, à la recherche d'eux-mêmes , et d'un absolu, qu'ils vont trouver en cette femme... ou dans la mort, faute d'avoir pu accèder à leurs fins.
Un seul d'entre eux, semble nouer un lien particulier avec cette boîte de Pandore humaine : c'est un peintre. Non, c'est un navigateur. Euh, non : c'est le Hollandais Volant, errant depuis des siècles, à la recherche d'une femme qui se sacrifierait pour lui...
Vous l'aurez constaté, nous ne sommes pas dans le petit mélo pantoufle et boulevardier. Dans Pandora, tout est exagéré, poussé, jusqu'au lyrisme. L'Espagne est folklorique, mais le récit oscille si bien entre réalisme amoureux et intrusion du légendaire, que nombre d'historiens du cinéma n'ont pas hésité à le décrire comme surréaliste. André Breton n'aurait peut-être pas approuvé, toujours est-il que le film ne s'installe jamais dans la convention sentimentale, devenant un objet d'art unique en son genre , sublimé par un Technicolor superbe, à qui la récente restauration rend (enfin !) justice .
Ce bijou est l'oeuvre du curieux Albert Lewin.


On peut encore se demander comment ce pur intellectuel a pu devenir, à la MGM, le bras droit d'Irving Thalberg, dans un milieu où il était carrément mal vu d'être surpris avec un livre à la main...Toujours est-il que, quand il passe à la réalisation au début des années 40, il choisit des sujets pointus , ayant trait à l'art et à la littérature : The Moon ans Six Pence, son premier film, est une biographie de peintre fortement inspirée de Gauguin, interprétée par Georges Sanders, qui sera son acteur fétiche. Pour rendre l'éclat de la peinture de son héros, il intégre dans ce film en noir et blanc une séquence en couleurs !
Procédé qu'il reprendra dans son film suivant, son autre chef d'oeuvre avec Pandora : Le Portrait de Dorian Gray, indépassable adaptation du roman d'Oscar Wilde, échappant à tout académisme, riche, touffu, et porté par l'interprétation nuancée de Sanders et du jeune Hurt Hatfield, que ce rôle consumera :


S'ensuit un Bel-Ami qui déçoit, où Lewin tombe dans presque tous les pièges académiques qu'il avait su éviter jusque-là , malgré , encore une fois, la présence de Sanders.
Est-ce cet échec qui explique le silence de quatre ans séparant ce film de Pandora ?
Toujours est-il que , pour son premier film en couleurs , Lewin retrouve son inspiration et livre une oeuvre à nulle autre pareille.
Il est aidé par une distribution particulièrement glamour :


Ava Gardner est la preuve absolue ( avec Jane Russell !) , que la bombe hollywoodienne peut être brune, et que la brune hollywoodienne peut être une bombe ! Ava le démontre dès 1946, dans cet archétype du film noir torride qu'est Les Tueurs de Siodmak...


Dès lors, son sex-appeal fera d'elle le centre de nombre de films romanesques, dont La Comtesse aux Pieds Nus de Mankiewickz, et Mogambo de John Ford, où le brave Clark Gable doit choisir entre elle et Grace Kelly, le veinard !


Mais c'est Pandora qui la consacrera véritablement comme une star . Elle sera toujours reconnaissante au film, et gardera des liens étroits avec les deux pays où il a été tourné : l'Espagne et l'Angleterre.
C'est en effet une oeuvre d'exportation, destinée à rentabiliser les investissements européens de la MGM. Les scènes d'intérieur sont donc tournées aux studios de Shepperton, d'où la présence de nombreux comédiens anglais dans les seconds rôles... et celle de James Mason dans le rôle masculin principal.

Après avoir fait ses classes dans le cinéma britannique pendant dix ans, Mason accède au vedettariat grâce à ce qu'il considérait comme son meilleur film, Huit Heures de Sursis (1947), de Carol Reed, où il joue, durant toute la durée du métrage, un homme mourant et traqué, dans les rues de Belfast...


Ce rôle lui ouvre les portes de Hollywood, où il mettra du temps à s'imposer, un procès l'opposant à la firme Rank l'empêchant alors de tourner !
On peut dire que Pandora le classera définitivement parmi les meilleurs comédiens de son époque, ainsi que parmi les grands séducteurs.
Voici donc Pandora, réponse impitoyable à tous ceux qui pensent que le cinéma américain est laid, artificiel et sans inspiration.
A ne pas manquer.

Bande-annonce :

A plus !
Fred.

PS : Allez, quelques photos d'Ava, pour la route !




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire