dimanche 25 janvier 2015

CINEMA DE MINUIT - LE COME-BACK DES FORBANS...

Bonjour les amis !

Ce soir, à 00 H 15 sur F3 : Les Forbans de la Nuit (1950) , de Jules Dassin...


Et voilà un des plus beaux films noirs jamais tournés. Et le chef-d'oeuvre de son auteur.
Il s'agit pourtant , au départ, d'un ouvrage de circonstance .
En 1950, Jules Dassin commence à être dans de sales draps. Il était déjà mal vu à Hollywood pour ses velléités de dénonciation sociale , qui apparaissaient sans fard dans La Cité sans Voiles (1948).
 

C'est alors que le renégat Edward Dmytryk le dénonce comme sympathisant communiste à la Commission des Activités Anti-Américaines. Mais la Fox rechigne à se séparer de celui qui a réalisé pour eux Les Bas-Fonds de Frisco.


Alors la firme lui confie le projet des Forbans de la Nuit, et l'envoie tourner le film... à Londres, quelques jours avant la convocation du réalisateur devant la Commission. Ce qui était aussi une occasion pour la Fox de réinvestir ses bénéfices à l'étranger, qu'il leur était impossible légalement de rapatrier !
Ce qui était une pirouette devait se transformer en pépite. Lâché en Europe ( c'est son premier film non-américain), Dassin et son scénariste Jo Eisinger lâchent les chevaux. En racontant l'ascension puis la descente aux enfers d'un organisateur de spectacles de lutte ambitieux souhaitant réussir en cassant un milieu gangréné par la pègre , le réalisateur revient à une des ses thématiques favorites : le pouvoir corrupteur de l'argent. Tous les personnages du film en affaires sont stupides , cupides, cyniques et perdus.
Le seul personnage lumineux du film est un lutteur, incarné par le vétéran du sport Stanislaus Zbyszko .


 Polonais, deux fois champion du monde de lutte dans les années 20, il était donné pour mort jusqu'à ce que Dassin le cherche et le trouve, ruiné et oublié de tous . Et il découvre un personnage incroyable, sensible, amateur de théâtre élisabéthain, absolument époustouflant dans le film. Pour la petite histoire, il se servira de son cachet pour acheter un petit élevage de poules !
Les autres seconds rôles sont également fort bien campés. Le bémol vient du personnage féminin trop fade et conventionnel pourtant porté par la  belle Gene Tierney, cette fois encore si mal employée !
Mais le film restera comme une des plus belles compositions de Richard Widmark , dans le rôle de Harry Fabian, le trop grand ambitieux.

Lui qui était abonné aux rôles de méchants cruels et parfois psychopathes, se retrouve ici aussi méprisable que touchant, pris au piège de sa présomption vis-à-vis d'un système qui le dépasse.
La poursuite finale dans les rues de Londres, superbement filmée par l'opérateur Max Greene, reste un des grands moments du Film Noir, toutes époques confondues.

Quelques semaines après le début du tournage, Zanuck, patron de la Fox, annonçait , sous la pression, que les films de Dassin ne seraient plus distribués aux Etats-Unis.
A sa sortie en Grande-Bretagne, le film fut détesté par les Anglais, qui ne supportèrent pas le miroir que leur renvoyait le film.
Dassin entama alors son chemin de croix...
Mais c'est une autre histoire...

Bande-annonce du film :

A plus !

Fred.









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