samedi 4 octobre 2014

CINEMA DE MINUIT - HELLO, DOCTEUR JEKYLL !

Bonjour les amis !

Demain dimanche, à 00 H 10, sur F3 : Docteur Jekyll et Mister Hyde (1941), de Victor Fleming...

 
La nouvelle de Stevenson est une des plus belles métaphores, et des plus terrifiantes,  sur la lutte entre le bien et le mal. Qui plus est, c'est une métaphore vivante, et singulièrement érotique, la différence entre Jekyll et Hyde étant particulièrement marquée dans son rapport aux femmes . Il n'est donc pas étonnant que le cinéma (et ensuite, la télévision), en aient multiplié les adaptations . Rien que 4 avant l'apparition du parlant, dont une, déjà fameuse, avec John Barrymore :


Mais les deux meilleures versions furent réalisées après 1930, à Hollywood, et, détail étrange, à dix ans d'intervalle : en 1932, à la Paramount, sous la houlette de Rouben Mamoulian, avec Fredric March et Miriam Hopkins :


Cette version-là bénéficie d'une grande liberté dans la mise en scène de l'horreur et de l'érotisme : nous sommes avant le tour de vis donné à l'industrie hollywoodienne par le code de censure...
Ce n'est plus le cas en 1941, et il est vraiment étonnant que la très conservatrice Metro-Goldwyn-Mayer se soit lancée dans un projet si glissant , alors même que le cinéma d'épouvante était en recul...
Le projet est confié à Victor Fleming, qui sort de deux gros gros succès : Le Magicien d'Oz, et surtout Autant en Emporte le Vent, deux projets où, en fait, les réalisateurs se sont succédés, mais qu'il a tout de même signés. Ici, il est également producteur , et fait à peu près ce qu'il veut .
La première qualité du film, c'est l'excellence de la reconstitution de l'Angleterre Victorienne par l'équipe artistique du studio.
Sa seconde qualité, c'est une adaptation franche de John Lee Mahin, qui n'élude aucune des dimensions de la nouvelle, qu'elles soient morales ou sexuelles.
Troisième qualité, la distribution.


Spencer Tracy était alors spécialisé, à la MGM, dans les rôles de boy-scout, les redresseurs de tort, ou les victimes injustement accusées, comme dans Fury de Fritz Lang :


Lui faire incarner Jekyll, c'était laisser le bien prendre le visage du mal , et, ainsi, impressionner le spectateur ( la même réflexion  avait été faite dans la version March).
Et la grande supériorité de la version MGM sur la version Paramount, ce sont ses deux partenaires féminines : Lana Turner et Ingrid Bergman .



Mettre ces deux superbes femmes dans les pattes de Jekyll-Hyde, c'était aussitôt orienter le film vers le rapport au désir. Au départ, Bergman devait jouer la good girl, Beatrix, la fiancée officielle du docteur. Pour casser son image , elle demanda à jouer la bad girl, Ivy, la prostituée victime de Hyde. Cette inversion est intéressante : les deux femmes se retrouvant aussi classieuses et désirables l'une que l'autre.
Le film est tourné au moment où la psychanalyse fait son entrée à Hollywood . En témoigne cette courte scène onirique, très audacieuse pour l'époque, où Jekyll conduit une calèche tirée par ses deux maîtresses, qu'il fouette gaiement.


Ce film est le témoignage de la faculté qu'avaient les grands studios hollywoodiens, ponctuellement, de produire des adaptations non seulement prestigieuses, mais profondes,des classiques de la littérature...

Bande annonce :


A plus.

Fred.

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