mercredi 25 juin 2014

CINEMA DE MINUIT (à la bourre ! ) : LA VIERGE SUR LE TOIT...

Bonjour les amis !

Dimanche dernier, à 00 H 10 sur F3 : La Lune était Bleue ( version parallèle allemande ) de Otto Preminger (1953)...


Pfiiou ! Ils sont allés le chercher loin, celui-ci ! Et nous avons été nombreux à apprendre, à cette occasion, que Preminger avait tourné une version en langue allemande, avec des acteurs allemands, de son fameux The Moon is Blue. 
Fameux pour de mauvaises raison, en tous cas, des raisons datées. Preminger découvre à cette époque une pièce de théâtre écrite par un des ses compatriotes viennois , Frederik Hugh Herbert : une jeune fille vertueuse y tente d'y séduire un garçon, en usant de références multiples à la sexualité. Cette liberté de ton, très audacieuse à l'époque, séduit Preminger, qui monte la pièce à Broadway : c'est un succès. Preminger décide alors d'en faire un film, et c'est là que les ennuis commencent . Car le Hays Office, à cette époque, surveille chaque ligne de scènario avant de donner son agrément pour le tournage. La jeune fille employant des termes aussi précis ou crus que "maîtresse" ou "virginité", le scénario est refusé.
Et là où le film fait date, c'est que PREMINGER décide de PASSER OUTRE cette décision du bureau de censure, de tourner et de sortir le film, qu'il avait tourné, par prudence , en indépendant, hors su système des studios. . C'est la première fois , depuis le milieu des années 30, que le Code Hays se voit ainsi bafoué. Cette première est historique, et même si , durant les années suivantes, le cinéma américain restera prudent , cette démarche est le premier coup de boutoir à une censure morale vieillotte, qui se verra de plus en plus ringardisée à partir de la fin des années 50.
Et le film, alors ? Notons d'abord que la pratique des versions parallèles était rarissime à l'époque . Coproduction ? Bailleurs de fonds germains ? Simple plaisir de retrouver d'anciens camarades ?
Quoiqu'il en soit, deux équipes de comédiens se sont succédés sur le même plateau , avec comme seuls acteurs communs l' américain d'origine russe Grégory Ratoff, et l'anglaise Dawn Addams. Une vraie Tour de Babel !
Difficile d'évoquer la version de ce soir sans parler de l'autre. En effet, ce qui paraissait scandaleux en 1953 paraît anodin, voire, et c'est un comble, un peu réac aujourd'hui.! La grande force de ce film mineur était donc dans le casting : messieurs William Holden et David Niven se partageant les faveurs de la révélation du film, Maggie MacNamara.


Celle-ci , avec un peu plus de chance, aurait pu damer le pion à la chère Audrey Hepburn, qui débuta la même année. Le destin en décida autrement, mais c'est une autre histoire. Quoi qu'il en soit, c'était elle, la valeur ajoutée du film.
Sa "doublure" allemande, qui est d'ailleurs autrichienne,  s'appelle Johanna Matz.


Pourtant plus jeune que MacNamara, elle apparaît moins malicieuse, plus popote, d'où un certain alourdissement, afadissement des situations , qui évoquent les comédies convenues du réalisateur de Sissi, Ernst Marischka, avec lequel Johanna débuta d'ailleurs quelques années auparavant.
Même constat pour la distribution masculine , composée de Johannes Heesters et Hardy Krüger.


Hardy Krüger, vous l'avez forcément déjà vu. Il sera le soldat allemand préféré du cinéma  américain comme européen (Un Taxi pour Tobrouk, Le Franciscain de Bourges). Mais ici, tout jeunot et tout beau, il a pourtant du mal à faire oublier Holden.
Une version qui peine, donc, à faire oublier sa grande soeur, que Preminger a sans doute davantage chouchoutée.
Détail tout mignon : à la fin du film allemand, Holden et MacNamara viennent faire une apparition , dans le rôle de  touristes new-yorkais. Krüger et Matz font de même dans la version américaine.



A plus.

Fred.



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