samedi 3 mai 2014

CINEMA DE MINUIT - NEO MARIO...

Bonjour les amis !

Demain dimanche, à 00 H 15 sur France 3 : Deux Lettres Anonymes (1945) de Mario Camerini...

En 1945, l'Italie est K.O. Après une occupation allemande très dure en 1943-44, la libération complète du pays fut retardée en raison d'autres priorités stratégiques , et de poches de résistance importantes, notamment dans le nord . Il faudra attendre Avril 45 pour voir le pays totalement libéré.
Le Cinéma Italien, à l'instar du Cinéma Allemand, aurait pu alors tomber dans un profond coma , consécutif à son engagement de longue durée dans l'idéologie fasciste ( plus de 20 ans !). Ce ne fut pas le cas, bien au contraire : dès le début des années 40, avec le ramolissement du régime de Mussolini, une nouvelle génération de cinéastes avait rué dans les brancards . Ils avaient pour noms Visconti, Rossellini, De Santis,  et même De Sica, le pourtant jeune premier favori du public , visage souriant des années totalitaires. Ils allaient imposer au monde, en quelques petites années , le néo-réalisme, première pierre de l'Âge d'Or du Cinéma Italien. 
Mais ceci... est une autre histoire. En effet, d'autres cinéastes, plus âgés, plus impliqués , ne vont pas vraiment se relever de la fin de la guerre : c'est le cas d'Alessandro Blasetti, de Carmine Gallone... et de Mario Camerini.


Mario Camerini, c'est pourtant le cinéaste italien le plus important de l'avant-guerre, l'inventeur du Cinéma des Téléphones Blancs, ces comédies sophistiquées et luxueuses, inspirées des comédies américaines ( Lubitsch, notamment), mais qui, parfois, amenaient  jusqu'au spectateur des traces de satire contemporaine , ou en tous cas d'authenticité sociale . Son film le plus fameux , qui lance également la carrière de De Sica, est Les Hommes, quels Mufles (1932 ) :


Mais à partir de la déclaration de guerre, l'ambiance se tend : plus question de montrer le quotidien des hommes, ce sont à présent des soldats . Camerini, comme d'autres, tel le jeune De Sica, est invité à produire des adaptations littéraires, des films d'époque. Il s'y montre moins brillant. Et quand le pays est libéré, il s'agit de sauver sa peau, de montrer patte blanche. D'où ce film au pitch édifiant :
Apres la capitulation de l'Italie, Bruno rentre chez lui pour apprendre que sa fiancée Gina est la maitresse de son ami Tullio. La lettre vient de Tullio lui-meme, qui collabore avec les allemands. Bruno entre dans la Resistance.
Vlan. Nous sommes ici en présence d'un des premiers films de Résistance italien, moins connu que le contemporain  et ô combien justement célèbre Rome ville ouverte de Rossellini :



Le film s'appuie sur le jeu de Gina, alias Clara Calamai :



Clara Calamai est presque la femme d'un seul film : Les Amants Diaboliques , tourné en 1942 par Luchino Visconti, adaptation sulfureuse du Facteur Sonne Toujours Deux Fois, qui marque la première rupture franche d'un film italien avec la censure mussolinienne . Elle y est sensuelle et dangereuse .



C'est également, pour beaucoup d'historiens, le film précurseur du néo-réalisme. Est-ce ce wagon que Camerini a voulu prendre en marche ? Sans doute. Y'est-il parvenu ?
N'ayant pas vu ce film, très rare ( il faut donc le regarder !), je ne peux répondre.
Mais une chose est sûre : Camerini n'a pas persisté dans cette voie. A partir des années cinquante, il va se risquer dans de multiples genres, du policier au film de guerre, en passant par... le péplum ! Il dirigera en effet Kirk Douglas dans Ulysse, en 54...



A plus.
Fred.


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