jeudi 8 mai 2014

CINEMA DE MINUIT - MAIN BASSE SUR SCIASCIA...

Bonjour les amis !

Dimanche, à 00 H 15 sur France 3 : A chacun son dû (1967) d'Elio Petri...

 
S'il y a un genre qui a marqué le cinéma italien des années 60 et 70, c'est bien le polar politique. Mêlant une atmosphère sombre et criminelle à la dénonciation de certaines  pratiques politiques contemporaines , disons le mot, de la collusion entre la démocratie chrétienne alors au pouvoir et... la Mafia.
Chronologiquement, le premier à avoir mis les pieds dans le plat est Francesco Rosi, napolitain d'origine, avec , comme premier coup d'éclat, la biographie du bandit sicilien  Salvatore Giuliano, qui aida joyeusement , après la guerre, le pouvoir bourgeois à écraser les manifestations ouvrières :


Rosi fut la fugure de proue d'un mouvement qui mit du temps à se construire, les producteurs n'étant pas très chauds pour monter ce type de projet. Après quelques films plus centrés sur la place de l'homme dans la société moderne et son aliénation par celle-ci ( l'Assassin, les Jours Comptés) , le jeune Elio Petri décide à son tour de relever le défi , en adaptant cet ouvrage sulfureux de  Leonardo Sciacia :

Ce petit instituteur sicilien passera toute sa carrière littéraire à dénoncer, brillamment, la corruption dont souffre son pays, ainsi que les multiples tyrannies et censures portées par l'Histoire. Le roman A Chacun son Dû paraît en 1966, et relate le parcours d'un professeur de lycée, qui , suite à un assassinat dans son village , découvre tout un écheveau de connexions douteuses entre notables et mafieux.
Le film, très fidèle au roman, constitue vraiment l'élément fondateur du genre .En effet, si Rosi pratique un cinéma politique, Petri et Sciacia posent les bases d'un cinéma policier politique. Avec une enquête, menant à des révélations subversives, des adversaires qui sont de dangereux criminels, même et surtout s'ils appartiennent à l'ordre établi, et un héros issu de la société civile, souvent vulnérable, impuissant face à la vérité qu'il découvre, et à la destinée tragique.
Ce film donne également au genre son icône, son visage : Gian Maria Volonte.


Jusqu'ici cantonné aux rôles de méchant dans les westerns spaghetti, notamment dans la "trilogie des dollars" de Sergio Leone aux côtés de Clint Eastwood...


... Volonte hérite ici du rôle"positif", à contre-emploi. Il y est surprenant, et d'une grande humanité, ce qui lui permettra, notamment chez Petri, dont il devient l'acteur-fétiche, de jouer aussi bien les idéalistes que les crapules, ce qui évite à ces films de sombrer dans le manicheisme, défaut récurrent du genre ( n'est-ce pas, Yves Boisset ?).
Le film remporte le Grand Prix du Scénario ( bien mérité) à Cannes en 67, mais ne recontre qu'un succès d'estime. Le film était sans doute trop en avance pour le public. 68 va changer ça, et , en 1970, Petri et Volonte connaissent enfin une reconnaissance intermantionale, avec un film, qui est, donc à tort, considéré comme le premier polar politique italien : Enquête sur un Citoyen au-dessus de tout soupçon...


Bande-annonce du film de dimanche :


A plus.
Fred.

 


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