dimanche 20 avril 2014

CINEMA DE MINUIT - LARMES DE JOIE...

(Re)bonjour les amis !

Ce soir, à 00 H 15 sur France 3 : Larmes de Joie (1960) de Mario Monicelli...

 
Que voilà un drôle de trio pour un des films les plus injustement méconnus de Monicelli ! Tourné trois mois après la sortie de l'explosive Dolce Vita de Fellini, le film en récupére certains des décors et des costumes pour en faire une transposition douce-amère dans le milieu du cinéma .Deux figurants pathétiques , Infortunio (Totó) et Tortorella (Anna Magnani) font la tournée des réveillons de la Saint-Sylvestre le 31 Décembre 1959. En chemin, ils recontrent des êtres vains, pauvres ou riches.
Adapté de Moravia, alors très en vogue, le film réunit la tragédie et la comédie dans la plus pure tradition de la grande comédie italienne. Pourtant, le film, sous sa forme définitive, faillit ne pas voir le jour . C'est en effet Comencini qui devait le tourner. Mais, Monicelli refusant de donner une suite à sa Grande Guerre, il échangea ce projet avec Comencini, qui en fera sa Grande Pagaille... 


 
Autre écueil  de taille : Magnani ne voulait pas de Totó comme partenaire.On retrouve ici le bon vieil antagonisme tragédien/comédien.


Magnani, c'est LA Magnani. Tragédienne née, révélée dans Rome, Ville Ouverte, de Rossellini, après la guerre, elle est également, après moult rôles dramatiques mémorables ( Bellissima , Le Carrosse d'Or) la première actrice italienne à obtenir un Oscar.



Une légende. Elle le sait, et est, les trois quarts du temps, insupportable sur un plateau. Tout le contraire de Totó :

Surnommé parfois le Charlot transalpin, Totó était alors une immense vedette , lui aussi, mais dans le registre comique. Aussi peu regardant qu'un Fernandel sur le choix de ses rôles , il pouvait tourner jusqu'à sept films par an, à un rythme soutenu, depuis la fin des années 30. Dans le lot, des films intéressants (comme Gendarmes et Voleurs ou l'Or de Naples) , mais aussi moult nanars, qui portaient son nom , et remplissaient les salles



.

Mais tout le métier lui reconnaissait un grand talent, et un fieffé courage : depuis 1956, il avait presque complètement perdu la vue, et continuait à tourner.
Pour Anna Magnani, avoir Totó comme partenaire , c'était déclasser le film au niveau d'une grosse gaudriole. Alors qu'elle est là, l'idée de génie du dispositif : faire de ces deux-là, la reine des larmes et le roi du rire, des losers, des minables, et faire de leur virée, à travers le spectre du cinéma, un portrait implacable de l'Italie de l'époque.
Monicelli, qui avait déjà tourné souvent avec Totó, tint bon, et le film se fit tel quel, avec un petit bonus :


Un jeune acteur américain (mais d'origine italienne !),  du nom de Ben Gazzara, qui venait  juste de se faire remarquer dans un des plus fameux procès filmés de l'époque- dont il est l'accusé, défendu par James Stewart : Autopsie d'un Meurtre d'Otto Preminger :


Ce trio particulièrement talentueux fait de ce film une sorte de maître-étalon de la Comédie Italienne grinçante, poétique , désespérée mais souriante . Et son titre, Larmes de Joie, peut presque être considéré comme la devise de toute une génération de cinéastes : Fellini, Scola, Comencini, Risi... et bien sûr Monicelli !

Extrait :


A plus !
Fred.



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