dimanche 1 décembre 2013

CINEMA DE MINUIT - PARTIE DE CHASSE A HOLLYWOOD...

Bonjour les amis !

Ce soir, à 00 H 15 sur France 3 : " L'Aveu" (1944) de Douglas Sirk...

Eh non, vous ne rêvez pas ! Le nom qui apparaît juste au-dessus du titre très hollywoodien sur cette affiche très hollywoodienne est bien celui ... d'Anton Tchekhov ! On notera l'extraordinaire goût de l'affichiste, qui se situe ici à la lisière de la publicité mensongère, puisque dans le film, dont l'action se passe en Russie  à la veille de la Première Guerre Mondiale, les protagonistes sont plutôt habillés ainsi :


La pose lascive de la belle Linda figure bien dans le film, mais au détour d'une seule et courte scène :


Enfin, bref, bon, passons . L'Aveu est le deuxième film américain de l'allemand Detlef Sierck, qui a américanisé son nom en Douglas Sirk. Celui-ci a débuté sa carrière à la UFA nazie, en dirigeant , entre autres, Zarah Leander, la grande rivale de Marlène Dietrich :


Il arrive aux Etats-Unis sans tambours ni trompettes, et y signe, comme gage de loyauté à son pays d'accueil, un film anti-nazi d'une rare violence, Hitler's Madman , pour le studio le plus fauché d'Hollywood : PRC . Chose unique dans l'Histoire : le film est tellement impressionnant que la MGM, le studio le plus riche d'Hollywood  , demande à le distribuer , en finançant elle-même le retournage des scènes vraiment trop cheap !


 Le film rencontre de plus un très grand succès  , qui met Sirk sur orbite du jour au lendemain et lui laisse les coudées franches pour son film suivant . Or, Sirk veut adapter Tchekhov. Et plus particulièrement La Partie  de chasse. Fraîchement arrivé à Hollywood, il décide de faire un film d'inspiration européenne. Il choisit comme chef opérateur Eugen Schüfftan , qui a éclairé , entre autres, le Métropolis de Lang et le Quai des Brumes de Carné. Mais pour des raisons syndicales, il ne peut signer son travail et est crédité comme  "Conseiller Technique". La musique est du hongrois Karl Hajos, musicien fétiche de Von Sternberg, et pour le rôle ambigü du juge Fédor Pétroff , il choisit l'impeccable britannique George Sanders, lui-même né en Russie. .
Il travaille également la construction, qui se déroule en flash-back : le Comte Volsky amène à une éditrice le récit du drame qui a brisé sa vie quelques années auparavant. Entre l'avant et l'après : la guerre et la révolution.. Le film n'est que partiellement tchekhovien dans la mesure où Sirk est assez lucide pour tracer le portrait d'une Russie , dont certes, on peut se montrer nostalgique, mais qui porte en elle, par son égoïsme, sa dolence, les germes de la révolution à venir.
Si on trouve ici le soin esthétique qui marquera l'Âge d'Or de l'oeuvre de Sirk, dix ans plus tard, à la Universal, il faut bien avouer que l'oeuvre n'est pas aboutie, notamment à cause de sa distribution féminine : Anna Lee est un peu fragile dans le rôle de la froide Nadina, et , surtout, surtout, la vénéneuse Linda Darnell n'est pas crédible deux minutes en paysanne russe...
On a parfois comparé cet Aveu au superbe Letttre d'une Inconnue de Max Ophüls, dont la construction est similaire... Et que j'aurai l'occasion de vous présenter, en Février prochain , aux Séances Patrimoine du CLAP...



Mais la comparaison est trop écrasante. Il s'agit d'une étape dans la carrière de Sirk , à cheval entre une Europe dont il est nostalgique et une Amérique qu'il n'a pas encore percée à jour... Le film vaut surtout pour l'admirable Edward Everett Horton, acteur fétiche et comique de Lubitsch, ici brillant à contre-emploi dans le rôle du Comte Volsky...

Bande-annonce du film de ce soir :



A plus.
Fred.




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