dimanche 10 novembre 2013

CINEMA DE MINUIT - CHEZ CE VALJEAN-LA, MONSIEUR...

Bonjour les amis !

Ce soir, à 00 H 15 sur France 3 : "Les Misérables" (2ème partie) de Raymond Bernard (1934)...


Nous voici donc en 1934, et le Cinéma Français s'attelle à sa première version parlante des Misérables... Le projet , ambitieux, est initié par le sulfureux nouveau patron de Pathé, Bernard Natan, et un jeune producteur promis à un grand avenir, Raymond Borderie. Ne voulant rien laisser au hasard, ils confient la mise en scène à un des réalisateurs les plus en vue de l'époque, Raymond Bernard.


Fils de Tristan Bernard, il débute aux côtés de Max Linder en 1919, mais très vite, s'impose , à l'époque où les références s'appelaient DeMille ou Griffith, comme un excellent réalisateur de films à grand spectacle, comme Le Miracle des Loups (1924) ou Le Joueur d'Echecs (1927) :


Comme Maurice Tourneur, et à l'inverse d' Abel Gance ou de Marcel L'Herbier, il passe sans coup férir le cap du parlant et marque l'Histoire du Cinéma avec Les Croix de Bois (1931), encore aujourd'hui considéré comme un des films les plus forts tournés autour de la Première Guerre Mondiale :




La force de Raymond Bernard à cette époque, c'est d'avoir su concilier le sens esthétique hérité du cinéma muet à la nécessité de théâtralisation , de nuances de jeu demandées par le parlant. Sa version des Misérables, et la restauration du film  le montre ô combien , est un petit bijou de travail autour de la lumière, des décors, de la reconstitution de cette époque dure et sans pitié. Et, surtout, le réalisateur prend bien soin de ne pas faire de Valjean un symbole , mais bien un être de chair et de sang, aidé en cela par la formidable composition d'Harry Baur.


Je ne redirai pas encore une fois tout le bien que je pense de ce monstre sacré, dont la contradiction entre l'énorme carcasse et la grande sensibilité én faisaient le choix idéal pour ce Valjean, forçat herculéeen qui découvre la bonté en même temps que l'injustice... Pardon pour ces autres grands qui ont porté le costume ( Gabin, Ventura, nous en reparlerons la semaine prochaine) , mais Baur les bat à plate couture, ne faisant pas venir le personnage à lui, mais l'incarnant en toute humilité.
Il bénéficie, il faut bien le dire, de partenaires de choix : les légendes du théâtre Charles Dullin et Marguerite Moreno composent de terrifiants Thénardier, et Charles Vanel ( pardon à Blier !) compose pour moi le Javert définitif, raide, implacable, froid, bref , totalement psychorigide, comme on ne disait pas encore...



Les jeunes également sont particulièrement surprenants pour l'époque, où les jeunes premiers avaient l'habitude de parler faux  : Jean Servais en Marius, et Emile Genevois en Gavroche...
Mais l'honnêteté m'oblige à écrire que , si Bernard est un excellent directeur d'acteurs , il a plus de mal avec ses actrices : Florelle, dans le rôle de Fantine, en fait des caisses, Orane Demazis dans le rôle d'Eponine ( prévu pour Arletty !)... hum... Enfin, bon, Orane Demazis, quoi, la Fanny de Pagnol... et même la craquante Josseline Gaël est un peu fade en Cosette... Quand on pense que le rôle devait aller à Danielle Darrieux... Quel gâchis !

Mais bon.  Malgré ces (petites) réserves, le film est inratable. C'est la raison pour laquelle, en rentrant du match d'impro opposant l'ADIV aux Ephémères de Montréal ce soir à 20 H 30 Salle des Trois Cités à Poitiers, vous ne vous coucherez pas tout de suite. C'est un ordre.

A ce soir.
Fred.











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