jeudi 8 août 2013

CINEMA DE MINUIT - IL Y A PEU DE CHANCES QU'ON DETRÔNE LE ROI DES KONGS...

Bonjour les amis !

Dimanche prochain, à 00 H 10, sur France 3 : "King Kong" (Le seul ! Le Vrai !) de Ernest B. Schoedsack et Merian C. Cooper ( 1933)...


Il y a des monuments qu'on ne sait par quel bout prendre. Un gros bout, en tous cas, vu le gabarit de la bébête. Ce King Kong est le film de toutes les innovations. Il est le premier film d'horreur à ne pas s'inspirer d'une oeuvre littéraire antérieure, le premier film à être constitué à 90 % de trucages, le premier film d'horreur érotique. Le public contemporain est en droit de lui préférer la version de Peter Jackson, extraordinairement fidèle à l'original, et qu'il remet somptueusement au goût du jour. Mais pour moi, ce superbe hommage n'a pas la beauté authentique de son modèle préhistorique.
Pour être honnête, le film a deux modestes ancêtres : Stark Mad de Lloyd Bacon, production Warner de 1929 bien oubliée, où, déjà, un groupe d'explorateurs rencontrait un gorille géant...


... Et surtout Le Monde Perdu de Harry Hoyt , production muette de 1925, où l'animateur Willis O'Brien crée déjà un univers peuplé de multiples créatures géantes...


La féérie de King Kong doit énormément aux maquettes et aux animations d'O'Brien, qui peuvent paraître vieillottes aujourd'hui , mais qui ont énormément impressionné le public de l'époque et suscité nombre de vocations , notamment celle du grand Ray Harryhausen...
Le film est en fait la fusion de deux projets : l'un qui devait surfer sur la vogue préhistorique de type Monde Perdu, et l'autre qui devait mettre en scène un gorille géant. D'où ce scénario complètement  fantasque, qui voit nos explorateurs arriver dans un monde peuplé d'indigènes, de bêtes géantes, et... de dinosaures !
La distribution du film est bien oubliée aujourd'hui, à l'exception de celle qui finit dans la pogne du gorille , et qui restera comme la fille la plus sexy du pre-Code : Fay Wray .





( Oui, bon, d'accord, j'arrête, c'est de la gourmandise...)

Cette charmante brune, teinte en blonde pour l'occasion, faisait déjà le bonheur des amateurs d'épouvante dans Les Chasses du Comte Zaroff (déjà dirigée par Schoedsack) et surtout à la Warner, où elle fut la victime du Docteur X, et du sculpteur fou de Masques de Cire (1932):



Il faut dire qu'elle crie fichtrement bien, ce qu'elle prouve aussi dans Kong : 


Hélas, le succès international du film et son sex-appeal de fou lui joueront des tours ; à partir de 1934, victime du Code Moral d'Hollywood, elle est mise à l'écart, dans des films de plus en plus bas de gamme...
La scène où Kong la déshabille sera d'ailleurs censurée à partir de 1938, ainsi que celles où le gorille dévore à belles dents quelques indigènes... Ces scènes seront rétablies à la fin des années 60, mais des légendes courent toujours concernant la durée authentique du film .
En France, la VF est amputée, depuis 1933, d'une bonne dizaine de minutes , le distributeur de l'époque ayant jugé bon de supprimer le prologue new-yorkais , faisant commencer le film au début de l'expédition. Mais la version intégrale, comportant , elle, un prologue musical de quatre minutes et la totalité du métrage initial, est, d'après plusieurs sources, de 1 H 44... Restaurée en 2005 par Warner à l'occasion de la sortie du film de Jackson, c'est (sans doute) la version qui sera proposée dimanche...
La seule scène manquante est une scène montrant des marins dévorés par une araignée géante (!). Supprimée du montage par Schoedsack et Cooper après des réactions négatives à l'avant-première , elle est portée disparue ... jusqu'à ce que Peter Jackson en propose une reconstitution à partir des quelques photos subsistantes :


Ce film très coûteux pour l'époque fut un véritable coup de poker pour le jeune studio  RKO, dirigé alors par David O'Selznick .Ce fut un triomphe, qui fit entrer la firme dans la cour des grands...
Métaphore de la crise de 29, fantasme colonial, rêve érotique et surréaliste, King Kong est une de ces oeuvres qui résument à elles seules le cinéma.
Si vous ne regardez pas ce film, si vous n'en êtes pas au moins curieux, je ne vous adresse plus jamais  la parole...

Bande-annonce : 


A plus.
Fred.

PS : Vous aurez remarqué que je n'ai pas parlé de la version de 76 , signée John Guillermin. C'est exprès.





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