mercredi 10 juillet 2013

CAHIER DE VACANCES 2 - MARION COTILLARD...


Chère Marion,

J'espère que tu vas bien là où tu es. Et que tu ne déprimes pas trop. Car ces temps derniers, tu t'en es pris plein le museau . Il ne faut pas que ça t'étonne, ma louloute. Les cinéphiles sont des sales cons. Je le sais, j'en suis un. Ils trouveront toujours plus drôle de tirer à balles réelles que de  tresser des couronnes de lauriers.
Tu n'es pas une de mes actrices préférées, mais j'avais envie, en ces temps estivaux, de jouer les maître-nageurs et de te sauver des piranhas qui te grignotent les mollets depuis des mois ...
En souvenir de la petite comédienne, militante à Greenpeace, qui, en 2003, bien avant La Môme, avait ouvert son appart' à France 2 pour illustrer un reportage sur les dangers de la pollution domestique (authentique !) ...

Pour commencer, il faut rappeler que ton bizutage a été violent : débuter en pintade décorative dans les sinistres "Taxis" de Besson (1998-2003) , avec ce psychopathe de Sami Naceri, ce n'est pas l'école la plus dorée pour un espoir du cinéma...


Tu t'en sortais bien, mais à l'époque, personne n'aurait misé une cacahouète sur ton avenir...
Alors, tu fais un tour complet sur toi-même et endosses le double rôle principal des Jolies Choses (2001), adaptation du sulfureux roman de Despentes, aux côtés de Stomy Bugsy . Adieu le grand public, bonjour les Inrocks :



Mais la greffe ne prend pas. On commence à t'employer dans des projets périlleux ou alors  pour mettre en valeur d'autres actrices , comme Audrey Tautou dans Un Long Dimanche de Fiancailles. Deux exceptions à cette règle : Une Affaire Privée (2002)de Guillaume Nicloux, polar méconnu mais réussi, et surtout l'étrange Jeux d'Enfants (2003), film raté mais où explose ta complicité avec ton partenaire, Guillaume Canet...


Le temps passe et tu t'installes dans le paysage comme une bonne comédienne, d'autant plus que tu restes à ta place, comme une petite actrice que l'on voit de temps en temps dans des films sympas, mais dont personne n'a retenu le nom.
Et puis vient, en 2007,  La Môme :


Presque tout a été écrit sur ce succès mondial , film bancal mais pari gagné . Tu deviens, du jour au lendemain , une star mondiale et une actrice de composition. Cependant que tout le pays au moins apprend à retenir ton nom, l'intelligentsia commence à tirer la gueule. On n'aime pas la compo, en France, c'est trop "américain",  on préfère les actrices belles et inaccessibles, à qui on fait faire des jolies choses, comme disait Truffaut. La performance, ça sent mauvais. Et pourtant, nom d'un chien, quelle performance. Ce succès est donc paradoxalement un poison qui commence à te tuer.
Car, du jour au lendemain,toi,  la petite actrice bobo, tu es devenue une icône. Et tu ne t'y atendais pas. Tu ne t'étais préparée. Et curieusement, tu vas , à partir de ce moment, donner l'impression d'une alpiniste montée trop haut en altitude, et qui délire sous le coup du manque d'oxygène, comme lors de cette pathétique Cérémonie des Oscars 2008 :





Et je passe sur tes déclaration politiques, qui prouvent qu'en matière d'écologie , il vaut mieux penser local que global... Oh là là oui.
Est-ce à cause de ces déclarations ? Toujours est-il qu'après La Môme,  tu tournes moins, et dans de moins bons films.
Certes, après des amours tumultueuses et parfois tragiques, tu sembles connaître la stabilité affective avec Canet , mais ça ne se voit toujours pas à l'écran : vos films en commun sont , soit ridicules ( Le Dernier Vol) , soit démagos ( Les Petits Mouchoirs)..
Quand aux américains, ils ont du mal à voir en toi autre chose qu'une petite frenchie, et les plus grands (Burton, Michael Mann, Woody Allen) vont te sous-employer scandaleusement.
Seul Jacques Audiard te rend justice en te proposant le rôle féminin du très bon De Rouille et d'Os (2012) . Las ! Les critiques et le public n'ont d'yeux que pour ton partenaire , Mathias Schoenaerts, qui, il est vrai, mange l'écran. Mais il y a aussi de la mauvaise foi dans cette myopie. Il est décidé de ne rien laisser passer à la petite parigote devenue une star artificielle et perchée. C'est dans ce contexte déjà difficile que tu te prends le coup de grâce : ta scène de mort dans The Dark Knight Rises...


Aussitôt, Internet se déchaîne et te ridiculise, oubliant au passage que le seul responsable de cette faute de goût est forcément le metteur en scène, le maître d'oeuvre, le directeur d'acteurs : Chris Nolan .Mais lui, tout le monde l'adore, alors... C'est toi qui trinque.

En te voyant sur une couverture de magazine récemment, je me suis dit que la chance était une cruelle girouette. Arriveras-tu à remonter la pente ? Erreras-tu de film en film, essayant de faire oublier tes dérapages et ton agonie foirée ?  On t'annonce dans trois  films à la rentrée : un Canet (tant pis !) , mais aussi un James Gray ( tant mieux !) et un Frères Dardenne (tant mieux ! tant mieux !).
En espérant que le public bigleux te redécouvre...
Car , au pays des aveugles, même des Mélanie Laurent sont reines... Il serait bien temps , pour le public français, de changer de lunettes...

Bises, Marion.
On se voit à la rentrée.

Fred.


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