mardi 2 juillet 2013

CAHIER DE VACANCES 1 - JEAN HARLOW...


Chère Jean,

j'espère que tout va bien pour toi là où tu es. Je ne me voyais vraiment pas commencer cette série de cartes postales par une autre que toi, tant ta vie et ton oeuvre résument la poésie, l'absurde et le pathétique du Cinéma.
Je t'ai découverte, toi la Blonde Platine, dans un rôle ... de rouquine ! Tu étais the Red-Headed Woman / la Femme aux Cheveux Roux de ce film de 32 signé Jack Conway. Je suis immédiatement tombé amoureux de toi et du Pre-Code, ce cinéma hollywoodien d'avant la censure, où des femmes amorales tenaient la dragée haute à des hommes falots qu'elles dominaient mains sur les hanches. Ce film-là en était un des plus emblématiques : courant l'homme riche, tu t'y rendais capable de tous les coups bas, y compris  de faucher le fiancé de ta meilleur amie. Et , délice des délices... tu n'es même pas punie à la fin.
Une des scènes les plus hot du film te voyait échanger ton pyjama avec une de tes amies : un des mouvements d'appareil les plus sexys et en même temps les plus innocents que j'aie pu voir...


Quand on pense que les studios ne savaient pas quoi faire de toi ! Tu as d'abord été la victime des facéties de Laurel et Hardy...


... Et on a essayé de faire de toi une dame façon MGM dans un film Warner de gangsters, face à James Cagney dans l'Ennemi Public...


Heureusement pour toi, cet obsédé d'Howard Hugues passait dans le coin. Comme il le fera plus tard pour Jane Russell , il a su repérer avant tout le monde ton extraordinaire sex-appeal, et l'imposer sur grand écran, dans Hell's Angels :


Tout comme Marilyn, a qui on t'a (trop) souvent comparée, tu n'étais pas une si belle femme. Mais tu avais une conscience de ton pouvoir de séduction qui te rendait désirable et désirée.
Capra enfonça le coup et t'offrit ton surnom  avec La Blonde Platine, où tu volas la vedette à la "gentille"  Loretta Young.


Paradoxalement, ce fut la firme la plus conservatrice d'Hollywood, la MGM, qui t'engagea pour être leur unique Bad Girl, qui ternissait peut-être l'image du studio, mais en remplissait carrément le tiroir-caisse.

D'où cette série de rôles d'effrontées, de semi-mondaines, d'ambitieuses , où tu excellas. Tu n'étais pas la comédienne la plus sophistiquée du studio, mais tu mangeais d'instinct la caméra, dévorais les scènes où tu apparaissais, dans des rôles étudiés pour susciter la jalousie des femmes et le désir des hommes.
Ton premier grand drame intime remonte à cette époque. En 1932, tu épouses Paul Bern, le numéro trois du studio.


Mais celui-ci était impuissant. Votre nuit de noces s'acheva dans une grande violence , et après une tentative de réconciliation apparemment concluante, Bern se suicida quelques jours plus tard , laissant une lettre où il s'excusait de ne pouvoir te satisfaire, toi, la femme la plus convoitée de l'époque.
Tu éprouvas toujours de la culpabilité à son sujet, d'autant que Louis B. Mayer, le patron de la MGM, ne te pardonna, lui, jamais.
Mais le cinéma , lui , avançait. Enfin, avançait... Jusqu'en 1934 , où , à force de détermination, les Ligues de Vertu obtinrent l'application stricte d'un Code Moral concernant le scénario et les images des films hollywoodiens. En première ligne : les allusions sexuelles et les personnages "amoraux". Les premières victimes devaient alors tomber : l'accorte Mae West, la sexy Betty Boop (eh oui !)... et toi, evidemment.
Malgré la rancune de Mayer, le studio ne te laissa pas tomber. Mais tu tournas moins. Et on te rhabilla pour te confier des rôles plus sages, dans la lignée de la Screwball Comedy ( comédie délirante) naissante. Le succès fut moindre...
On t'associa à ton acteur fétiche, Clark Gable, dans des oeuvres qui n'avaient pas, hélas, le piquant de Red Dust (1932)...


... Et on t'associa à ton nouveau mari, l'élégant William Powell, à son épouse de cinéma Myrna Loy et à Spencer Tracy, pour un dernier feu d'artifice, Libeled Lady/Une Fine Mouche ( 1936)...


Tu étais toujours pétillante , même habillée, même assagie. Mais les coups de Bern eurent, dit-on , pour effet d'abîmer irrémédiablement tes reins. L'infection qui s'ensuivit fut infernale pour toi. Tu refusas pourtant d'arrêter le tournage de ton dernier film, Saratoga, jusqu'au soir où tu t'évanouis dans les bras de Gable. Mais ta mère, fanatique religieuse, qui vivait à tes crochets depuis des années,  refusa de faire appel aux médecins.
Quand des amis te firent hospitaliser de force, il était déjà trop tard. Le 7 Juin 1937, à l'âge de 26 ans, tu mourais, Jean Harlow.
Powell et Gable furent dévastés. Quand au studio, totalement pris de cours, il prit  cette décision insensée de terminer Saratoga... avec une doublure (!!!) , officiellement pour satisfaire les fans. Le résultat est une des choses les plsu bizarres dont ait accouché Hollywood.



Tu fus la première et plus flamboyante des blondes . Cette blondeur ( naturelle !) presque blanche et les robes en lamé dont on t'habillait laissent une image indélébile de l'Hollywood de ces années-là.
Femme fatale au cinéma, victime du destin dans ta vie privée, la dualité de ton parcours te rend à mes yeux incroyablement émouvante. Tu occupes une place à part dans mon Panthéon.
Voilà pourquoi je ne pouvais commencer cette série que par toi.

Bises, Jean.
On se voit à la rentrée.

Fred.

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